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À la conquête de l’horizon
Henri Regamey a parcouru plusieurs milliers de kilomètres le long du tracé de la mythique épreuve automobile, de Paris à Dakar.  Archives henri regamey

À la conquête de l’horizon

19 décembre 2024 | Texte: Lucas Panchaud
Edition N°3856

Henri Regamey a écumé le désert au guidon de son VTT, de Paris à Dakar. Pour le Panathlon d’Yverdon, il est revenu  sur cet exploit grandiose, réalisé entre 1989 et 1990.

Du bitume de Paris en passant par les montagnes de l’Atlas et la chaleur accablante du Sahara, Henri Regamey n’a reculé devant rien pour atteindre Dakar. Le but d’un homme et de ses trois compagnons de course, l’objectif d’une vie, flirtant avec les limites du corps et de l’esprit, par-delà les frontières.

Convaincu par Daniel Bendi, un ami de longue date, Henri Regamey, lui-même ancien cycliste amateur élite pendant une petite décennie à la fin des années 1960, n’a pas hésité longtemps avant d’accepter de relever ce défi qu’il qualifie volontiers d’«un peu farfelu».

Organisée par Marc Bouet, un Français féru de courses de (très) longues distances, cette sixième édition du Paris-Gao-Dakar en VTT allait cette fois-ci être le théâtre de la bravoure de quatre Helvètes, partis à la conquête de l’horizon. Henri Regamey se remémore: «Daniel m’a appelé un jour pour me demander si cela me disait de faire un Paris-Dakar à vélo. Lui-même y avait déjà participé l’année précédente avec des Neuchâtelois. J’adore ce genre de défis, alors c’est le genre de trucs qu’il ne faut pas me dire deux fois. Le lendemain, je lui ai téléphoné pour lui dire qu’il pouvait compter sur moi.»

6600 bornes, entre ciel et sable

Au départ de Paris, aux environs du 15 décembre 1989, 6600 kilomètres séparent encore les douze équipes de quatre vététistes, partis en même temps que leurs homologues coureurs à pied, de leur ligne d’arrivée, dans la capitale sénégalaise.

En relais, en duo ou par équipes complètes, les participants enchaînent les étapes, parcourant chaque jour plusieurs dizaines de kilomètres, ne somnolant souvent que quelques heures, sur le siège de l’un des deux véhicules tout-terrain affrétés pour les accompagner.

Dompter le désert et ses caprices un mois durant pour finalement apercevoir Dakar et ses côtes, vivre  l’enfer pour, finalement, atteindre le paradis.
Les problèmes sont nombreux chemin faisant: premières neiges riment avec premières chutes dans les hauteurs marocaines, les passages aux frontières, notamment aux portes de l’Algérie, sont parfois fastidieux, et la monotonie du désert gagne peu à peu le moral des troupes.

Mais rien n’entame la dynamique de l’équipage suisse, expérimenté et plus soudé que jamais. «Nous étions l’une des équipes les plus âgées en lice, puisque nous avions tous plus de 40 ans. On s’était organisés pour avoir du fromage sous vide et du bircher chaque matin au petit-déjeuner. Nous mettions Elvis Presley sur la radio avant de prendre la route pour nous donner du courage. Il fallait qu’on aille au bout», relate Henri Regamey.

Aux confins de l’effort, le quatuor se classera finalement 3e. Au-delà du résultat final, prime avant toute chose la fierté légitime d’avoir traversé les épreuves, les unes après les autres, pour venir à bout de cette distance légendaire, qui n’a d’égal que la grandeur de ceux qui l’ont surmontée.

Henri Regamey et les siens ont écrit ensemble la plus belle ligne d’un palmarès qui restera pour l’éternité.