L’entreprise, spécialisée dans la fabrication de tubes de précision, néglige l’entretien du canal dérivé de L’Arnon, dont elle est propriétaire. Le ras-le-bol des habitants se fait sentir.
«Regardez cette forêt vierge, glisse François Teuscher, avec consternation. Accoudé à la barrière du canal dérivé de L’Arnon, situé à l’entrée du village, le retraité pointe les bouteilles en PET et autres détritus qui flottent sur l’eau. «Depuis plusieurs années, Swiss Tube (ndlr: l’entreprise qui produit des tubes de précision et des électrodes est propriétaire du canal) n’entretient plus ce cours d’eau», poursuit le Champagnoux, dont la cave a été inondée le 22 janvier dernier, lors des intempéries. En effet, lorsqu’on observe de plus près, on remarque que le limon s’est déposé au fond du canal, provoquant des creux à certains endroits. Plus loin, des branches, des troncs d’arbres pourris et des ronces jonchent les bords du cours d’eau. De plus, les écluses sont rouillées et les palettes en bois, qui retiennent l’eau, se sont, au fil du temps, détériorées.
«Depuis que le canal n’est plus utilisé pour alimenter l’entreprise (ndlr: Swiss Tube) en électricité, son entretien laisse à désirer. Ce n’est quand même pas normal qu’on doive, à chaque fois, appeler les pompiers lorsqu’il y a des intempéries de ce type», affirme Pierre-Alain Tharin, le voisin de François Teuscher, dont le garage (photo ci-dessous) a aussi été inondé. Au total, l’ECA s’apprête à lui rembourser près de 7000 francs pour les dégâts occasionnés. En 2015, il avait déjà reçu 8000 francs pour des dégâts similaires.
Ce n’est pas la première fois que les habitations situées entre le chemin de la Palettaz et la rue du Moulin subissent des inondations, puisqu’elles ont été construites sur une zone inondable.
Un canal privé
«Les habitants ont connaissance de ce fait. Ils savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’une inondation», indique Marc Miéville, voyer des eaux au sein du Département du territoire et de l’environnement (DTE). Durant les pluies violentes du mois de janvier, le DTE a mesuré un débit d’eau pouvant atteindre 41 m3 par seconde.
«A l’époque, La Nationale (le nom précédent de l’entreprise Swiss Tube) avait obtenu une concession pour exploiter le canal, poursuit-il. Au niveau de l’entretien des berges, le concessionnaire, à l’entière décharge de l’Etat de Vaud, est responsable de tout événement dont le canal serait l’objet ou la cause.» Selon lui, seule «l’action» de l’entreprise permettrait de résoudre ce problème. «S’il n’y pas de réaction de la part de Swiss Tube, nous devrons agir par des mesures de haute surveillance.»
Bouc-émissaire?
Conscient du problème, Fabian Gagnebin, syndic de Champagne, souhaite s’entretenir avec l’entreprise concernée, afin de trouver une solution. «Cette situation ne nous convient pas du tout, confie l’édile. Lors de la dernière séance de la Municipalité, nous avons décidé de convoquer Swiss Tube et le voyer des eaux pour en discuter ensemble, affirme l’édile. Aucune date n’a, pour l’heure, été fixée.» Et de préciser que la Commune a trouvé «un moyen technique» pour faire un barrage en amont de L’Arnon au cas où des intempéries devraient se reproduire.
Contacté par téléphone, Stéphane Dobler, directeur de Swiss Tube, s’étonne: «Aucune plainte de défaut d’entretien n’a été déposée à ce jour. Nous entretenons, par ailleurs, de bonnes relations avec le Service des eaux. Jusqu’à présent, la Municipalité ne nous a jamais interpellés à ce sujet.» Et de poursuivre: «S’il y a des rumeurs de la part des habitants à propos de l’entretien du canal, j’en suis navré. Mais je n’ai pas l’intention de servir de bouc-émissaire pour des habitations qui ont subi des dégâts dus à la météo et à Eole, et qui sont situées dans une zone sujette aux inondations.»