Champagne a désormais son cabinet médical
25 janvier 2013La doctoresse Yanka Kostova, médecin généraliste et pédiatre, inaugure aujourd’hui son cabinet, ouvert depuis le mois novembre, dans le village de Champagne. Une bonne nouvelle dans un contexte de pénurie annoncée de médecins généralistes.
A lors que la Suisse connaît une situation tendue et qui ne devrait pas s’améliorer en terme d’offre de médecins généralistes (voir ci-dessous), le village de Champagne, grâce notamment à son syndic Marc-André Cornu, vient de réussir une excellente opération, tant pour l’image de la commune que pour les habitants de la région, en convaincant la doctoresse Yanka Kostova de s’installer dans le village, à la rue des Chézeaux. Des locaux qui, pour la petite histoire, étaient historiquement voués à la fabrication des Coeurs de France -également appelés Palmiers- produits par l’entreprise Cornu S.A. Une adresse appelée à devenir un véritable centre puisque la construction d’une crèche devrait prochainement débuter, à quelques pas du cabinet de médecine générale et de pédiatrie de la doctoresse Kostova.
Originaire de Bulgarie, Yanka Kostova a étudié dans la ville de Pleven où elle a, entre autres, occupé le poste de professeur assistant à l’Université médicale. Arrivée en Suisse il y a maintenant trois ans, elle a successivement travaillé pour l’hôpital de Sainte-Croix et collaboré avec le docteur Jaccard à Grandson, avant d’occuper le poste de pédiatre et médecin généraliste au Centre médical d’Yverdon-les-Bains. «J’ai toujours pensé m’installer comme indépendante», raconte Yanka Kostova. «Mais c’est vrai que je ne pensais pas forcément à un village.» En effet, la doctoresse qui a, en majorité, exercé dans de grandes villes avait plutôt dans l’idée de déposer ses valises et son stéthoscope dans la capitale vaudoise. «Parce que c’est vrai que c’est plus simple de reprendre un cabinet déjà existant que de partir de zéro.»
Bientôt une crèche
Mais le destin et Marc-André Cornu ont décidé qu’il en serait autrement. «Pour être reconnu comme centre local, il manquait à Champagne soit une pharmacie, soit un cabinet médical», explique le syndic. Ce dernier s’est donc mis en quête de la perle rare et, grâce à ses contacts, a fini par tomber sur Yanka Kostova à qui il a proposé de venir s’installer à Champagne. Une offre agrémentée d’un avantage sur le loyer du cabinet, dont il est propriétaire, durant une année. «Notre première rencontre remonte au mois de février 2012, le jour de mon anniversaire», se souvient la doctoresse. Les travaux d’aménagements du cabinet ont ensuite été lancés et, depuis novembre dernier, le cabinet, qui sera officiellement inauguré ce soir à partir de 19h, offre tout le confort et la technologie nécessaires à la bonne pratique de la médecine. «Je suis vraiment très heureuse et je ne regrette pas du tout mon choix», s’enthousiasme Yanka Kostova. «Ici, les gens sont vraiment très accueillants, j’ai beaucoup de chance. Et puis, dans un village, il n’y a pas cette distance entre le praticien et ses patients.»
Une nouvelle offre médicale pour la région qui devrait perdurer -les deux enfants de la doctoresse Kostova sont également médecins- et qui, surtout, devrait permettre de désengorger un peu les services d’urgences des hôpitaux. Des permanences où, en moyenne, près de 30% des consultations sont celles de jeunes patients qui n’ont pas de médecin généraliste.
Etude
Un manque de 1800 généralistes
L’étude de l’Observatoire suisse de la santé publiée en juillet 2008 prévoit, à l’horizon 2030, une forte augmentation de la demande de consultations, surtout en raison de l’évolution démographique, et une baisse marquée de l’offre médicale.
C’est la médecine de base qui sera la plus touchée, avec dix millions de consultations non couvertes en 2030, et une pénurie de médecins estimée à 1800 équivalents plein temps. La médecine générale sera la plus touchée, d’autant que la féminisation de la profession, ainsi que des taux d’activités réduits, vont diminuer encore l’offre de consultations. Mais même chez les spécialistes, l’offre couvrira à peine la demande, si bien qu’il ne pourra pas y avoir de substitution partielle (les spécialistes se substituant aux généralistes). Certaines spécialités, comme la psychiatrie, seront en net déficit (manque de 500 médecins). En revanche, la gynécologie et la pédiatrie ne devraient pas connaître de pénurie criante.
Le «gatekeeping», (ndlr: rôle à jouer, par leurs fonctions de soignants, de conseillers et d’intermédiaires obligés) qui peut améliorer l’efficacité de l’offre de soins, peut néanmoins accroître aussi la demande en médecine de base. Quant à la substitution du généraliste par du personnel paramédical, elle se heurte à la nécessité pour les infirmières d’agir sous l’autorité d’un médecin. Enfin, ces professions peuvent elles aussi subir une pénurie.
Selon l’Observatoire, la mesure prioritaire à prendre consiste à augmenter l’offre en médecine de base, et pour ce faire, il faut encourager la formation de médecins en médecine de base.
Référence: Hélène Jaccard Ruedin, «Offre et recours aux soins médicaux ambulatoires en Suisse», projections à l’horizon 2030. Observatoire suisse de la santé.