L’équipe de Suisse reçoit l’Espagne, dimanche à Yverdon. Le premier match à domicile des Helvètes en Championship, le deuxième niveau européen qu’ils découvrent grâce à la folle évolution de ces dernières années.
Lorsque Sébastien Dupoux est arrivé dans le giron de la Fédération suisse de rugby (FSR), en 2015, le XV à l’Edelweiss évoluait alors en quatrième division européenne. «L’équipe occupait le 52e rang mondial», se souvient-il. Aujourd’hui, elle est 29e, avec une pointe à la 24e place l’an dernier.
Bien du chemin a été parcouru par le pack national, fruit de la structuration de la FSR, qui s’est professionnalisée, d’une part, et de la progression des clubs, d’autre part. «Si le rugby helvétique demeure amateur, on trouve de plus en plus de gens dont s’occuper de son développement est désormais le métier», apprécie le directeur technique national.
Après six années, soit trois cycles, à disputer l’European Trophy, le troisième niveau continental, l’équipe de Suisse est ainsi passée à l’échelon supérieur. Il faut rappeler que le groupe dirigé par Olivier Nier a dominé de la tête et des épaules – sans essuyer la moindre défaite – les saisons 2022-2023 et 2023-2024, ce qui lui a permis d’accéder au Championship.
Un niveau où le rugby est encore autre chose: la Géorgie, rencontrée samedi passé, n’évolue qu’avec des professionnels sur le terrain, tandis que plusieurs joueurs de l’équipe de Suisse, pour qui le sport ne reste qu’une passion et du plaisir, étaient au travail, lundi, à leur retour au pays.
De quoi rendre plus limpide le score record de 110-0 du premier match des Suisses à cet échelon.
«Le vrai challenge du rugby suisse, aujourd’hui, est financier, insiste Sébastien Dupoux. On doit trouver plus d’argent pour permettre à nos joueurs de s’entraîner plus et, petit à petit, monter en gamme. Il est normal que quelqu’un qui s’entraîne deux fois par semaine ne rivalise pas avec celui qui pratique deux fois par jour.»
Et le directeur technique de donner quelques chiffres: «Le budget de la fédération géorgienne de rugby se situe entre 25 et 30 millions, contre 1 million pour nous. On ne se trouve pas du tout sur la même planète.»
Cela n’enlève rien aux progrès réalisés en Suisse ces dernières années. «Quand on n’a pas de pétrole, on a des idées. Mais cela fonctionne jusqu’à un certain point.» Pour franchir le palier suivant, il faudra trouver des ressources supplémentaires.
Sur le terrain, les rugbymen suisses profitent de l’expérience de cette année pour se faire les dents. «L’Espagne est un gros morceau, même si l’écart de niveau est plus réduit qu’avec la Géorgie, reprend Sébastien Dupoux. Nous nous centrons sur ce qu’on produit sur le terrain, afin de continuer à avancer.» Le rugby suisse a encore tant de potentiel à exploiter.
Infos pratiques
Europe Championship, 2e journée:
Dimanche, à 14h au Stade municipal,
à Yverdon.
Suisse – Espagne
Tarifs: 15 francs en ligne, 20 francs sur place. Gratuit pour les moins de 18 ans.
Infos: www.suisserugby.com
Le Stade municipal mérite d’être rempli
Bénéficier de l’occasion de voir l’équipe de Suisse évoluer à Yverdon n’arrive pas dans tous les sports, bien au contraire. Ce match de dimanche entre le XV à l’Edelweiss et le Quince del León est une magnifique opportunité d’assister à du rugby de haut niveau.
«Il s’agit d’un énorme saut de qualité par rapport à ce qu’on a pu voir au Stade municipal ces dernières années», affirme Vincent Piguet, président du RC Yverdon, club qui participe activement à l’organisation des rencontres internationales se déroulant dans la Cité thermale.
Et l’ancien international suisse de rappeler que des places pour la prochaine Coupe du monde sont en jeu en Championship: tout le monde évolue pied au plancher dans cette perspective.
«On est ravis de revenir à Yverdon, un stade qui nous porte bonheur et où on ne s’est plus inclinés depuis plusieurs années, ajoute le directeur technique national, Sébastien Dupoux. On compte sur un soutien nombreux.»
L’appel est lancé aux amoureux du rugby et aux curieux: il faut venir soutenir la Suisse face à l’Espagne.