Des footballeurs suisses qui poursuivront leur mue à Yverdon
18 janvier 2013Futsal – L’équipe nationale tentera d’atteindre le deuxième tour qualificatif pour l’Euro la semaine prochaine aux Isles. En attendant, l’entraîneur-joueur David Meyer conte les débuts, en Suisse, d’une discipline dont il est tombé amoureux il y a huit ans.

David Meyer, dans la salle omnisports du Collège Sud, à Bulle. Lorsqu’Uni Futsal Team Bulle y joue, en Ligue nationale A (deuxième division, après la Swiss Futsal Premier League), les gradins sont pleins à craquer. Il faut dire que l’équipe gruérienne a été l’une des premières à être créées en Suisse.
«Nous sommes des footballeurs qui essayons de jouer au futsal, contre des joueurs de futsal.» La formule, que David Meyer lâche l’oeil pétillant et le sourire en coin, dit tout du statut qu’a, en Suisse, la discipline dont il est tombé amoureux un peu par hasard il y a huit ans: celui d’une histoire qui ne fait que commencer, alors que certaines nations en ont déjà écrit des chapitres entiers. Naturellement, c’est lors des compétitions internationales que l’écart se remarque, mais c’est là aussi que les Helvètes, année après année, peuvent mesurer leurs progrès.
La semaine prochaine, celui qui en est le sélectionneur-entraîneur-joueur tentera, à la salle des Isles, à Yverdon, de décrocher avec l’équipe nationale un ticket pour le deuxième tour qualificatif pour l’Euro. Pour ce faire, il faudra terminer en tête d’un groupe composé -par ordre d’apparition dans la hiérarchie mondiale- de l’Albanie, de la Norvège et du Danemark.
La Suisse pas favorite
Même si elle évoluera à domicile, la Suisse ne part pas favorite. «L’Albanie et la Norvège sont plus fortes sur le papier, le Danemark est à notre niveau, estime David Meyer. Mais je crois que nous avons un coup à jouer.» Les chances de la Nati reposent sur le fait qu’en plein championnat, les Suisses sont actuellement au meilleur de leur forme, et que les autres ne les connaissent pas. Ils pourront ainsi compter sur un petit effet de surprise.
Mais la logique voudrait que la Suisse n’aille pas plus loin. Et pour cause: cela ne fait que huit ans qu’un championnat de futsal existe chez nous, et l’équipe nationale n’a été fondée qu’en 2009. Véritable pionnier de la discipline dans nos contrées, David Meyer était de toutes ces étapes. «Tout a commencé en 2004, lorsqu’étudiant à l’Université de Lausanne, j’ai été contacté pour intégrer une sélection qui devait défendre les couleurs du pays aux Championnats du monde universitaires. Aucun des douze joueurs que nous étions n’avait une idée plus précise de ce qu’était le futsal que ce que nous en voyions sur Eurosport», se rappelle-t-il. Face à des nations qui développent leur culture de cette spécialité depuis de nombreuses années, ils peinent alors à exister sur le terrain. «Ça faisait bizarre. Nous étions tous des joueurs de foot bien compétitifs et nous nous somms pris des volées. 16-0, il me semble, contre les Russes, champions en titre à l’époque.»
Dix ans en 1re ligue
L’ampleur des défaites n’a pas étouffé la flamme naissante: de retour en Suisse, alors qu’un privé organise un premier championnat de futsal, David Meyer fonde, avec Laurent Rumo, un club à Bulle, tout en continuant à jouer au football traditionnel. Au final, il aura évolué une dizaine de saisons en 1re ligue, avec différents clubs fribourgeois, quand, il y a deux ans, il se décide à faire un choix. «Jouer sur les deux tableaux devenait trop compliqué, d’autant que certains clubs ont commencé à exiger que leurs joueurs ne fassent pas de futsal», précise-t-il.
Sa passion pour cette variante très appréciée et très pratiquée dans nombre de pays latins a été croissante, à mesure que son plaisir au football diminuait, notamment à cause des mentalités toujours plus individualistes qui s’y développent, et de l’argent qui y circule même dans les ligues amateurs. «Au futsal, la question ne se pose jamais: les gens sont là parce que ce sport leur plaît. Il n’y a pas d’argent et c’est tant mieux, même si peut-être, un jour, cela changera.»
David Meyer aime toujours le football, bien sûr. Mais aujourd’hui, c’est bien au futsal qu’il se consacre. A son palmarès, trois titres de champion de Suisse obtenu avec Bulle, où il officie comme entraîneur-joueur. Surtout, il fait partie de ces quelques passionnés qui oeuvrent au quotidien pour le développement de la discipline. C’est d’ailleurs à ce titre qu’on lui proposé de prendre les rênes de l’équipe nationale à sa création. Un rôle qu’il apprécie, même s’il doit du coup jongler avec les différentes casquettes: le sélectionneur national a d’ailleurs convoqué le joueur et un autre membre du club placé sous la responsabilité de l’entraîneur qu’il est.
Handball, basket, hockey
«Comme entraîneur, j’essaie de montrer l’exemple par l’action, sourit-il. Lorsque je n’aurai plus ma place sur le terrain, je saurai m’en rendre compte.» Celui qui est également professeur de sport assume ses différentes responsabilités le coeur léger, plaçant l’intérêt du futsal suisse avant tout. Car comme dans toute discipline qui n’en est qu’à ses balbutiements, beaucoup reste à faire pour installer, dans la culture sportive du pays, ce parent pas si proche du football. «Nous jouons avec les pieds, le rapprochement s’arrête à peu près là, estime David Meyer. Même le ballon est différent, plus lourd. Et, tactiquement, autant que dans le rythme du jeu, le futsal tient plus du handball, du basket et du hockey que du football.»
Le Fribourgeois le confesse d’ailleurs volontiers. Beaucoup d’équipes, en Suisse, essaient encore de jouer au foot en salle, plutôt que de jouer au futsal. L’équipe nationale? Elle progresse vite. «Nous arrivons au bout d’un chemin de croix tout au long duquel il a fallu créer un cadre. Là, nous commençons à mettre en place de véritables schémas de jeu», relève, enthousiaste, David Meyer. La salle des Isles comme cocon, les membres de la Nati -qui ont choisi le futsal, mais viennent du foot- vont profiter de la semaine prochaine pour poursuivre leur mue.
Programme
Mercredi 23 janvier
17h45 Albanie – Danemark
20h15 Suisse – Norvège
Jeudi 24 janvier
17h45 Norvège – Albanie
20h15 Suisse – Danemark
Samedi 26 janvier
17h45 Danemark – Norvège
20h15 Albanie – Suisse
Entrée libre à tous les matches.
Dans la région
Pour les jeunes!
L’idée est venue conjointement de l’Espace jeunesse et éducation (Chavornay) et de la Maison des jeunes (Orbe). Pour la première fois, quatre centres d’animations vaudois s’affrontent amicalement depuis le 17 novembre dernier dans le cadre du championnat Futsal-Teens.
Sur le terrain, le fair-play est de rigueur, des points de bonus comptant dans le calcul final étant attribués. Pour cette première édition, six équipes provenant de quatre centres d’animations, dont les deux nord-vaudois, se disputent la coupe. La grande finale aura lieu à Orbe, à la salle omnisports du Puisoir le 9 mars. Toutes les équipes participantes y sont d’ores et déjà qualifiées.
Les matches de qualification restants se dérouleront de 13h30 à 15h30, à Chavornay, les 19 et 26 janvier, ainsi que le 9 février prochain, tout comme le 2 mars à Renens.
www. futsal-teens.ch