Des skis vaudois en pleine ascension
19 septembre 2024 | Textes: Muriel Ambühl | Photos: MadskisEdition N°3791
Fondateur de Madskis, qui produit des paires durables en bois à Echallens depuis 2021, Eric Gachet était l’invité du Panathlon Club d’Yverdon, mardi à La Prairie. L’occasion pour ce passionné de montagne d’évoquer les débuts d’une aventure familiale.
Un long trajet en voiture, entre Marseille et Chamonix, au retour d’un voyage en Corse, où Eric Gachet s’était rendu avec le skieur freeride Aurélien Ducroz. C’est là qu’a véritablement pris forme l’idée qui a permis à Madskis de voir le jour.
«Il y avait cette volonté de créer nos propres skis, avec nos critères, explique Eric Gachet, qui s’est lié d’amitié avec le double champion du monde de freeride et quadruple vainqueur de l’Xtreme de Verbier à force de le suivre aux quatre coins du monde pour réaliser des vidéos et des photos du natif de Chamonix. Je travaillais alors pour une grande marque suisse, comme guide et comme photographe. On ne sait jamais à l’avance sur quoi on va tomber quand on se rend sur le terrain, donc on a besoin de matériel fiable et confortable. C’est comme ça que l’histoire a démarré.»
Avec le développement d’un modèle plutôt freeride d’abord. Mais la petite entreprise basée à Echallens propose désormais aussi des skis pour ceux qui préfèrent dévaler les pistes. «On a mis pas mal de temps à élaborer une forme qui nous plaise. Cependant, la difficulté a surtout été de trouver les matières premières, car l’industrie ne parle qu’avec l’industrie, pas avec les particuliers», souligne le Challensois.
Au final, celui-ci a décidé de concevoir et fabriquer des skis «durables de construction bois», polyvalents, à la fois solides et légers. «Chaque année, en Suisse, des dizaines de milliers de paires finissent aux objets encombrants, parce que les matériaux qui les composent sont si fermement liés ensemble qu’il est difficile de les séparer pour les recycler, regrette Eric Gachet. En ce qui concerne nos skis, tous les matériaux peuvent être recyclés séparément, car nous utilisons une nouvelle résine époxy soluble. Il y a un peu de carbone quand même, mais le noyau se compose de bois suisse et européen certifié FSC, les parois latérales sont en ABS recyclé et le placage est réalisé en frêne suisse, un bois qui rend les skis très réactifs.»
Bonus, la couche supérieure peut être changée lorsqu’elle est abîmée, ce qui permet de retrouver une paire à l’apparence impeccable après plusieurs années d’utilisation sans devoir en racheter une nouvelle.
Si plus de huit mois de travail ont été nécessaires pour la réalisation de la première paire Madskis, Eric Gachet peut notamment compter sur ses fils Titouan et Léo, respectivement charpentier et menuisier de formation, pour l’épauler dans son aventure. «Dans le cursus de ces deux CFC, il y a un chapitre sur la fabrication de skis», précise le dernier nommé, également présent à Yverdon mardi soir.
La marque challensoise gagne petit à petit en notoriété, au fil des journées de skis tests dans différentes stations et grâce au bouche-à-oreille. «Les premières paires ont été commercialisées l’hiver passé. Celles-ci sont écoulées soit grâce à la vente directe, soit via des magasins partenaires, détaille Eric Gachet, qui estime que Madskis Sàrl a actuellement le potentiel pour produire environ 300 paires par an. L’un des grands défis est de parvenir à garder un prix pas trop élevé par rapport aux bons skis des grosses marques.»
Et pour ce passionné de montagne, dont la vocation est née d’un camp d’escalade lorsqu’il était à l’école – «on y avait côtoyé des guides incroyables» –, le prochain pas consiste à pouvoir fabriquer des paires en utilisant uniquement du bois local.