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Destinée hors du commun
Lors de la messe, les abbés René et Philippe ont béni les cartables des élèves à la veille de la rentrée scolaire.

Destinée hors du commun

22 août 2024 | Texte et photos: I. Ro
Edition N°3772

Agriculteur et sportif d’élite, René Haarpaintner a dit sa première messe dans son village.

La communauté catholique du Balcon du Jura, ses proches et ses amis, ont assisté dimanche soir à la première messe de l’abbé René Haarpaintner, concélébrée avec l’abbé Philippe Beaud, curé modérateur de l’Unité pastorale Chasseron-Lac. Cette première messe a été agendée, une fois n’est pas coutume, à l’occasion de la venue en Suisse du prêtre américain, ordonné en juin de l’année dernière à la cathédrale de Los Angeles (Californie) par Mgr José Horacio Gomez, évêque, en présence de trois mille fidèles.

Cette première messe dans l’église de son enfance – sa maman, d’origine catalane, en a été l’organiste et toute la famille participait aux activités de la paroisse – a été vécue avec beaucoup d’émotion par le jeune prêtre… sexagénaire.

Car le parcours de René Haarpaintner est extraordinaire, au sens authentique du terme. En effet, il a d’abord pratiqué le football, au poste de gardien. Rien de plus naturel dans une famille aujourd’hui encore représentée dans les effectifs du FC Sainte-Croix-La Sagne. Puis, au contact de ses amis, notamment Aldo Bertoldi, il s’est essayé, avec succès, à la marche athlétique, mais aussi au ski de fond en hiver.

Un solide duo sportif

Nul doute que la sélection d’Aldo Bertoldi pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992 doit beaucoup à son inséparable compagnon d’entraînement, titulaire de plusieurs titres nationaux.

Passionné de nature et d’animaux, notamment les chevaux, René Haarpaintner a suivi une formation d’agriculteur, et l’école de Grangeneuve. Il a travaillé dans plusieurs exploitations de la région et au domaine de La Frétaz, sous Bullet, qui appartient à la Station fédérale de recherches agronomiques de Changins, aujourd’hui Agroscope.

En train vers le bonheur

La marche athlétique a emmené René Haarpaintner sur le chemin du bonheur. En train à destination du Luxembourg pour disputer le Match des cinq nations, il a fait la connaissance de Lauren, une jeune Américaine voyageant en Europe. C’est le coup de foudre. Suivront l’installation en Californie, le mariage à Santa Monica, et les naissances d’Etienne et de Quentin.

René entame une nouvelle reconversion et se forme comme chiropraticien. De confession juive, Lauren se convertit au catholicisme et le couple assiste à la messe quotidiennement. Ils travaillent ensemble.

Comme une renaissance

Ce ciel sans nuages est subitement traversé par le drame : Lauren meurt des suites d’une leucémie foudroyante. Son époux épaule plus que jamais leurs enfants, en particulier Quentin. Mais l’appel est là, depuis longtemps, il fallait simplement parcourir le chemin. «Je me suis dit, c’est ça le destin. Je me suis posé des questions sur l’avenir. Et puis l’appel du Seigneur et la présence de Marie à l’Assomption était très forte » , explique-t-il.

Il vend la vaste maison familiale, se retrouve dans une petite chambre, et devient diacre après sept années d’études. C’est un homme serein qui a parlé aux paroissiens: «J’ai acquis une paix intérieure et la conviction que j’étais sur le bon chemin. J’ai eu confiance. J’ai trouvé une nouvelle énergie. » Et ses garçons leur autonomie : Etienne, titulaire d’un diplôme en hôtellerie, travaille depuis un an aux Bergues (Genève). Quant à Quentin, il a rejoint le monde de la finance à New York.

A quelques heures de retrouver sa paroisse de Carpinteria, cité de 10 000 habitants au sud de Santa Barbara, l’abbé René confiait son bonheur : « J’ai profité de ce séjour pour retrouver mes frères, mais aussi les odeurs du Jura qui parfois me manquent. »