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Entre VAR et Qatar, Dominique Blanc se confie
Dominique Blanc était l’invité du Club des 1000, association de soutien à Yverdon Sport, mardi à La Prairie. © Michel Duperrex

Entre VAR et Qatar, Dominique Blanc se confie

9 septembre 2022

Invité par le Club des 1000, le président de l’ASF a abordé les thèmes chauds du monde du ballon rond, mardi à Yverdon. Questionné sur l’assistance vidéo à l’arbitrage, la formation des jeunes et bien évidemment le pays hôte contesté du prochain Mondial, le Vaudois a partagé son point de vue.

 

Divers scénarios en cas de restrictions énergétiques

 

L’approvisionnement énergétique soulève des questionnements, à l’approche de l’hiver et dans le contexte de la guerre en Ukraine. Si les craintes de pénuries devaient se confirmer, le football en serait vraisemblablement impacté. «Nous avons préparé différents scénarios en fonction des mesures d’économie d’énergie auxquelles nous devrons faire face», indique Dominique Blanc.

En saison, quelque 10 000 matches de foot sont joués chaque semaine en Suisse. Environ un tiers d’entre eux ont lieu sous un éclairage artificiel. «On pourrait imaginer apporter notre contribution en faisant en sorte que les compétitions et un maximum d’entraînements se déroulent quand il y a encore suffisamment de lumière naturelle.» Avec les contraintes que cela comporte, notamment au niveau des horaires.

 

Le choix contesté du Qatar

 

Impossible, pour le président de l’Association suisse de football, d’évoquer les enjeux énergétiques sans mentionner la prochaine Coupe du monde, qui aura lieu au Qatar dès le 20 novembre, avec notamment des stades climatisés. «L’attribution du Mondial 2022 s’est faite en décembre 2010 par le comité exécutif de la FIFA, soit 24 membres. À l’heure actuelle, elle serait prise par l’assemblée générale, soit 211 membres. À l’époque, tout ce qui touche aux droits de l’homme et à l’écologie n’avait pas la même visibilité.»

Après l’Afrique du Sud en 2010, le Brésil en 2014 et la Russie en 2018, une certaine logique voulait que la compétition revienne en Asie. «La Confédération asiatique de football trouvait important d’apporter le Mondial dans un pays musulman, et le Qatar avait des moyens quasi illimités. Mais avec toutes les problématiques liées aux transports, aux infrastructures ou encore aux droits de l’homme, on ne choisirait certainement pas le Qatar aujourd’hui», affirme Dominique Blanc.

 

Désormais pour la VAR

 

Dominique Blanc ne le cache pas, en tant qu’ancien arbitre, il a fait partie des gens contre l’introduction de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). «Notamment parce que les règles du football sont les mêmes dans le monde entier et, en introduisant la VAR dans certaines compétitions, on en faisait une catégorie privilégiée à ce niveau-là. Cependant, l’introduction de la VAR a été soutenue par les médias, car cela donne plus de spectacle, et ça permet aux téléspectateurs de débattre en attendant la décision.»

Si son avis a finalement évolué, c’est toutefois pour une autre raison: «Les téléspectateurs peuvent revoir l’action sous tous les angles, tandis que l’arbitre, au milieu du terrain, n’avait pas accès à ces images. Alors que c’est lui qui doit prendre la décision!» Le président de l’ASF n’est en revanche pas pour que les téléspectateurs puissent entendre les commentaires des hommes en noir, comme cela se fait en rugby. «Le langage employé n’est pas toujours digne de l’Académie française… Cela créerait des polémiques.»

 

Le chiffre

 

1400. Soit le nombre de clubs de foot existants en Suisse, pour quelque 300 000 licenciés. «Les structures de foot amateur sont très anciennes et solides, apprécie Dominique Blanc. Mais les clubs doivent faire face à deux problèmes majeurs: l’adaptation des infrastructures au niveau auquel ils évoluent et le nombre d’entraîneurs, insuffisant. Une enquête est actuellement en cours, mais il y probablement des milliers de jeunes en Suisse qui ne peuvent pas jouer au foot alors qu’ils le souhaiteraient, à cause de l’un de ces deux points.» Selon son président, l’ASF alloue environ 17 millions par an à la formation de la relève, pour un budget total de 57 millions en 2022. «Sur les 15 000 jeunes qui commencent le foot chaque année, 15 à 20 évolueront un jour dans un club de SFL et 1 à 2 en équipe nationale», précise le Vaudois.