«Il y a eu un déclic, je ne me mets plus la pression»
20 octobre 2023Edition N°3564
Hockey – 2e ligue - Dylan Berutto a quitté Prilly (1L) pour revenir au HC Yverdon, quitte à évoluer un échelon plus bas. Le gardien de 25 ans voulait privilégier son plaisir en ayant le plus de temps de jeu possible.
Dylan Berutto, quand on est gardien, on passe la majorité du match à se faire tirer dessus. C’est le rôle le plus ingrat d’une équipe de hockey, non?
C’est le pire rôle, mais c’est quand même satisfaisant (rires). Je ne sais pas vraiment quand j’ai eu le déclic, parce que quand j’ai commencé le hockey, j’évoluais comme joueur. Puis j’ai fait les deux, avant de devenir uniquement gardien. J’ai essayé une fois d’être devant les filets, et j’ai croché. C’est un poste précieux, même si on est souvent dans l’ombre. Il y a des tas de petites choses qu’on fait pendant une rencontre qui aident l’équipe sans que cela se voie vraiment, qui ne transparaissent pas sur la feuille de match. Et c’est un poste cruel, car il y a généralement un seul gardien qui joue par rencontre, alors qu’une vingtaine de joueurs ont du temps de jeu en défense et en attaque. Mais j’ai toujours aimé ça, et je continuerai tant que le plaisir est là.
Quel genre de gardien êtes-vous? Parlez-vous beaucoup à vos coéquipiers pendant les matches?
Quand il faut, oui, mais je suis du style à dire les choses tranquillement plutôt qu’en leur criant dessus. J’ai toujours été un peu réservé, timide, et on m’a souvent dit qu’il fallait que je m’exprime plus…
Au HC Yverdon, vous vous retrouvez sans entraîneur spécifique pour les gardiens. Est-ce quelque chose qui vous manque?
Je ne m’entraîne qu’avec la première équipe, parce que je n’arrive pas à aller à l’entraînement des gardiens du lundi, à cause du travail. Ça me manque un peu, mais j’ai appris à avoir un regard critique sur ce que je fais. Car même par le passé, aussi en juniors, je n’ai pas toujours eu un coach des gardiens. Cependant, je me sers de l’expérience que ceux que j’ai eus m’ont apportée pour faire en sorte que ça aille. Durant l’été, au début de la préparation sur glace, il a fallu que je me remette dedans, que je retrouve mes repères. Ces dernières années, j’avais fait des camps d’entraînement, ce qui n’a pas été le cas cette fois-ci. Ça aurait été un peu compliqué, car je cherchais un stage (voir encadré). Cela a retardé un peu la mise en route quand je suis retourné sur la glace avec le HCY, mais sans avoir trop d’impact. Peut-être que j’en referai un l’an prochain, si j’ai le temps. C’est pas mal, car cela permet de rafraîchir les choses avant le début de la saison, et de voir ce qui se fait ailleurs.
Ces dernières années, vous jouiez en 1re ligue. Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir au HCY, qui évolue un échelon plus bas?
À la fin de la saison passée, Prilly m’a dit que j’allais continuer avec Rino Bernasconi, avec qui on se partageait plus ou moins les matches. Ce qui me convenait, parce que j’avais envie de rester dans un club près de chez moi. Puis, cela s’est bouché, car Florian Vuichard est arrivé de Forward Morges. Je ne voulais pas me retrouver à être troisième gardien ou aller dans un autre club de 1re ligue pour ne pas jouer. J’avais eu des contacts avec Jiri (ndlr: Rambousek, directeur sportif du HCY), donc j’ai saisi cette occasion. Parce que même si Yverdon allait évoluer un cran plus bas, cela représentait une belle opportunité d’avoir du temps de jeu. Jiri m’avait expliqué que c’était principalement moi qui allais jouer, ce qui m’a attiré, et qu’il y aurait un jeune avec moi. Puis, en début de saison, on a discuté avec l’entraîneur, Philippe Stengel, qui m’a dit qu’il y aurait quelqu’un en licence B pour nous aider. Ce qui est bien, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver, notamment au niveau des blessures.
«En tant que gardien, il y a des tas de petites choses qu’on fait pendant une rencontre pour aider l’équipe sans que cela se voie.» Dylan Berutto
Considérez-vous qu’il s’agit d’un retour en arrière, dans votre progression, de rejouer en 2e ligue?
Non, car pour moi, c’était clairement d’avoir du temps de jeu qui était important. La période du Covid et les années qui ont suivi, à Prilly, m’ont fait mûrir. Il y a eu un déclic, je ne me mets plus la pression, je veux juste avoir du plaisir à jouer. Je suis là pour profiter, même s’il y a cette envie de bien faire.
Vous avez disputé deux des trois premiers matches de championnat. Cela vous satisfait-il?
Je suis content de mon temps de jeu jusqu’à présent, oui, c’est tout ce qu’il me fallait! Et je me sens bien, ça fait plaisir de revenir au HCY, de retrouver certaines personnes avec lesquelles j’ai déjà joué. Il y avait notamment déjà Jiri, qui était entraîneur-joueur. C’est marrant de le voir maintenant uniquement en tant que joueur, parce qu’il est différent, on voit qu’il est là pour s’amuser, pour profiter. D’ailleurs, tout le monde profite actuellement, peut-être aussi parce que ça se passe bien. Avec les jeunes, c’est cool aussi, bien que ça fasse bizarre d’entendre l’année de naissance de certains (rires)! Même pour moi qui n’ai que 25 ans.
Vous vivez ainsi une situation complètement différente de celle de votre premier passage au HCY, entre 2016 et 2019…
Oui, à l’époque, j’avais rejoint Yverdon alors que j’étais en deuxième année de juniors élite à Lausanne. J’avais 18-19 ans, et je me retrouvais avec des joueurs qui avaient pour la plupart plus de 25 ans. Le HCY était aussi en 2e ligue à ce moment-là, et était monté à l’issue de la saison. Avoir un rôle important et participer à une promotion à cet âge-là, ce n’était pas rien! Cela m’a marqué d’avoir pu amener ma pierre à l’édifice, et cela m’a fait grandir. Ça m’a été bénéfique pour les années suivantes en 1re ligue. C’est marrant de vivre la situation inverse maintenant, d’être du côté des joueurs plus âgés. On s’amuse bien avec les plus jeunes, même si tu vois qu’il y a une différence entre les générations.
Le HCY, qui reçoit Vendlincourt demain à 20h30, a bien commencé le championnat, avec trois victoires en autant de matches. Étiez-vous surpris qu’une équipe aussi jeune puisse avoir un si bon niveau?
Oui, quand même. Lorsque tu vois l’équipe, tu te dis que la plupart des joueurs sont jeunes pour affronter des gars qui évoluent en 2e ligue depuis dix ans. Mais en fait, ils patinent sans relâche, et c’est notamment ça qui fait notre force. Après, il faudra voir sur la longueur, parce que nos adversaires sont peut-être encore en phase de rodage, et ils vont aussi commencer à nous connaître. On doit éviter de se faire avoir, car ça peut se jouer à l’expérience.
Ouvert aux autres sports
Dans le cadre de sa deuxième année de bachelor en management du sport, qu’il réalise dans une école privée à Lausanne, Dylan Berutto effectue actuellement un stage de six mois à la HEIG-VD. «Ce n’est pas directement lié au sport, mais cela ne me dérange pas, car c’est intéressant et ça me permet d’acquérir de l’expérience dans le marketing et l’événementiel, deux domaines que j’aime bien. Il va notamment y avoir tout ce qui est salons des métiers, des maturants à organiser et à gérer sur place en novembre. Je commence petit à petit à faire des choses concrètes, c’est enthousiasmant!»
De par ses études et son sport de prédilection, les gens imaginent souvent que le Lausannois espère travailler dans le milieu du hockey une fois ses études terminées. «Alors que ce n’est pas forcément le cas, précise Dylan Berutto. Cela ne me dérangerait pas de rejoindre une fédération d’un sport que je ne connais pas vraiment, par exemple. Aux cours, le mercredi matin, on teste une discipline différente chaque semaine. On a bien sûr fait des sports «classiques», comme du foot ou du tennis, mais on s’est aussi essayés au curling et au tir à l’arc par exemple. C’est super satisfaisant de réussir à envoyer une flèche dans la cible, même si cette dernière ne se trouve qu’à cinq mètres.» Une manière à la fois de faire une coupure en milieu de semaine et d’élargir ses horizons, que le hockeyeur apprécie.