Immersion dans les années 1980
19 septembre 2024 | Texte et photos: Lena VulliamyEdition N°3791
Le Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains a dévoilé son exposition sur le thème des années 1980. Le vernissage se tient ce samedi.
Et si on se replongeait dans les années 1980 pour une meilleure compréhension de notre époque? Avec sa nouvelle exposition intitulée «Sunglasses at night» (lunettes de soleil la nuit), notamment en référence à la chanson de Corey Hart sortie en 1984, le Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY) propose une immersion dans une époque souvent fantasmée et pourtant agitée, marquée notamment par l’épidémie de sida. «Le but n’est pas seulement de ressusciter les années 1980, mais aussi de générer un questionnement sur le présent», explique Rolando Bassetti, directeur du CACY depuis juin 2020 et se décrivant comme «un historien dans l’âme».
Cette décennie est néanmoins fructueuse en termes de créativité: la musique, l’architecture, la mode ou la photographie connaissent une période riche. Le CACY expose d’ailleurs deux clichés du photographe suisse Edo Bertoglio. L’une, datant de 1978, met en scène Andy Warhol à New York à une époque où la ville américaine est l’endroit où tout se fait, où il faut être. Juste à côté, une photo prise sur le tournage du film Downtown 81, où l’on voit l’artiste Jean-Michel Basquiat, encore inconnu. Les deux hommes se rencontreront quelques années plus tard et leur duo deviendra iconique…
L’art dans l’espace public
Mais pas question de ne présenter que des œuvres créées durant les années 1980. Ainsi, les artistes Philippine Chaumont et Agathe Zaerpour proposent des collages inspirés des codes esthétiques du passé et des magazines féminins des années 1980, questionnant notre rapport intime au vêtement. Autre collage, celui du DJ Mandrax, qui propose un patchwork sonore rythmant l’exposition. Avant même de pénétrer dans le bâtiment, la sculpture de Davide Cascio «J’accroche mon vélo» – où l’on peut effectivement accrocher son vélo – donne un avant-goût. C’est le cas aussi des «cabines d’expression», trois cabines téléphoniques au centre-ville.
Le revers de la médaille
On l’a dit, les eighties connaissent aussi leur lot de désillusions. L’artiste et photographe plasticien Yul Tomatola l’a traduit en une sculpture de deux mètres, représentant le mot Field et recouverte d’une surface en miroir d’un côté, noire et tenue par des sacs de sable de l’autre. Ces derniers sont utilisés en cas d’inondation et symbolisent la société en crise. En citant encore Elise Gagnebin-de Bons, Oriane Emery et Enea Zucchetti, force est de constater que le CACY fait la part belle aux artistes suisses ou basés en Suisse.
Et outre l’exposition elle-même, le CACY a prévu divers événements d’ici le 22 décembre, à commencer par le vernissage, qui a lieu samedi en présence des artistes. Le Dîner Septième Art, en collaboration avec Les Culturateurs, où le public découvrira trois séquences de court-métrage en lien avec les années 1980, intercalées entre trois séquences gastronomiques du chef Romain Lecuyer, se tiendra le 23 novembre. Le CACY s’allie aussi à la librairie Payot et au MuMode pour l’occasion. Et pour toucher tous les publics, le Centre d’art met sur pied des visites commentées pour les seniors, les enseignants, des visites faciles à comprendre ou encore une activité Passeport Vacances. Rappelons que l’entrée au CACY est gratuite, ou plutôt offerte par le Service de la culture de la Ville.