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«La canne blanche signifie qu’on nous remarque»
Les lignes de guidage sont essentielles pour les personnes en situation de handicap visuel. © Michel Duperrex

«La canne blanche signifie qu’on nous remarque»

12 octobre 2023

Manifestation - lors que le 15 octobre marque la Journée internationale de la canne blanche, la section vaudoise de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants (FSA) tiendra un stand le samedi 14 octobre à Yverdon-les-Bains. La Région est allée à la rencontre d’Angélique Fromentin, membre de la FSA, pour comprendre le quotidien des personnes en situation de handicap visuel.

La canne blanche: cet objet peut paraître anodin au premier abord et pourtant il change des vies. «Je suis née malvoyante mais je n’avais pas besoin de canne au début. A partir de mes 20 ans, ma vue a baissé et j’ai ressenti une grande différence à partir du moment où j’ai commencé à me servir d’une canne. Avant par exemple, lorsque je demandais de l’aide pour savoir quel était le numéro du bus devant moi, certaines personnes me répondaient: c’est écrit! Je devais donc leur expliquer que j’étais malvoyante pour qu’on m’aide. La canne blanche signifie qu’on nous remarque car les personnes voyantes ont un repère visuel qui leur permet de comprendre qu’il y a une personne avec un handicap visuel face à elles», explique Angélique Fromentin, membre de la FSA et malvoyante de naissance.

Pour l’Yverdonnoise, la journée internationale de la canne blanche permet d’expliquer aux personnes voyantes comment aborder les non-voyants et malvoyants et de mieux comprendre leur quotidien. «Parfois lorsque j’attends le train, des personnes me font entrer dans le wagon sans me prévenir qu’elles sont là et sans me demander si j’ai besoin d’aide. D’autres n’aident pas car une fois elles ont proposé leur aide et la personne en face leur a dit qu’elle n’en avait pas besoin», raconte-t-elle.

Des lignes de guidage encombrées

Lors de la Journée internationale de la canne blanche, les membre de la FSA sensibilisent également sur l’importance des lignes de guidage. Ces lignes qui se trouvent par exemple à la gare d’Yverdon sont utilisées par les non-voyants et malvoyants pour s’orienter. Toutefois, celles-ci se retrouvent régulièrement encombrées par des objets ou des passants. «On a besoin que personne ne se mette sur les lignes ou ne dépose d’objet dessus afin que nous ne soyons pas déstabilisés. Ce n’est pas à nous de nous enlever de notre chemin», déplore Angélique Fromentin.

Ce genre d’incident est monnaie courante pour la jeune femme. Il lui est même déjà arrivé de retrouver une voiture à la gare d’Yverdon sur ces lignes. «La voiture était arrêtée sur les lignes de guidage alors que je traversais la rue pour aller sur le trottoir. J’ai demandé au chauffeur d’enlever sa voiture pour que je passe. Au même moment, une autre voiture arrivait sur la route. Elle attendait sur moi pour que je sorte de la route et monte sur le trottoir pour pouvoir continuer son chemin. Je me suis sentie extrêmement gênée», raconte-t-elle. Si dans ces cas certaines personnes ne se rendent pas compte de l’existence des lignes de guidage, d’autres par excès de gentillesse prennent les personnes aveugles ou malvoyantes par le bras pour éviter les obstacles. Une attitude qui n’aide pas vraiment les personnes en situation de handicap visuel. «Certaines personnes en voulant être gentilles nous prennent par le bras pour nous amener ailleurs lorsque les lignes sont obstruées. Le problème en faisant cela, c’est qu’on ne sait plus où on est par rapport à notre trajet», précise-t-elle.

Des progrès à faire à Yverdon

Ainsi le 14 octobre à la promenade Auguste Fallet, plusieurs membres de la FSA seront équipés d’un tapis avec des lignes de guidage pour sensibiliser les passants sur l’importance de la canne et de ces guides. Ils présenteront aussi plusieurs moyens auxiliaires pour que tout le monde puisse découvrir les outils qui aident quotidiennement les aveugles et malvoyants. Et en effet, pour Angélique Fromentin qui travaille à la Commune d’Yverdon-les-Bains depuis dix-sept ans, sans ces moyens auxiliaires, elle ne pourrait pas occuper son poste. «Par exemple, j’ai un appareil de lecture dans lequel je place les feuilles pour pouvoir les lire. Et les textes sur mon ordinateur sont agrandis environ huit fois pour que je puisse les lire», détaille-t-elle.

Si des adaptations existent pour simplifier le quotidien des non-voyants et malvoyants, la Ville d’Yverdon a encore des progrès à faire pour inclure les personnes en situation de handicap visuel, selon l’Yverdonnoise. Les lignes de guidage ne sont présentes qu’à la gare, contrairement à d’autres villes romandes comme Lausanne. «D’autant plus que parfois elles ne sont pas en bon état, elles sont cassées car les personnes tapent dedans ou roulent dessus. La difficulté à Yverdon c’est qu’il y a beaucoup de rues pavées et on ne peut pas mettre ces lignes sur les pavés. Mais pour aller au lac par exemple, avoir des lignes de guidage serait avantageux pour pouvoir s’y diriger», précise la jeune femme.

Pour elle, la Ville devrait également améliorer le système aux arrêts de bus: «Ce n’est pas toujours facile de trouver les bus. A Genève, le tram annonce quand les bus ou les trams arrivent. A Yverdon rien n’est indiqué, on doit toujours demander au chauffeur. Pour quelqu’un comme moi qui ne distingue que les formes des bus, je ne peux pas savoir quel est leur numéro. S’il y a deux bus, l’un derrière l’autre, c’est à nous d’aller vers le bus. Il faudrait mettre en place un système d’annonce des numéros de bus», explique Angélique Fromentin.