La carrière de la colère
Concise, carrière du Bois de la Côte, le syndic Patrick Jaggi. © Michel Duperrex

La carrière de la colère

10 mai 2019
Edition N°2495

 

La fronde s’organise contre un projet d’extraction de matériaux pierreux, prévu sur le territoire communal.

«C’est un crime de faire ça ici», a lâché l’un des participants à la séance d’information sur le projet de carrière à Concise, mercredi soir. Conséquences sur le paysage, la faune et la flore, nuisances sonores générées par les camions, pollution: les griefs invoqués par ceux qui résident à proximité du site désigné pour l’exploitation sont nombreux. «On sait qu’à moyen terme, on sera tous impactés, au moins sur le plan visuel, a reconnu le syndic Patrick Jaggi. Les cerfs et les morilles vont peut-être se déplacer ailleurs. Et ça ne fait plaisir à personne.» Seulement voilà, la Municipalité n’a pas le choix, si elle veut tenter de renflouer les caisses communales. «On ne va pas se mentir. La seule et unique raison de porter ce projet, pour nous, est l’apport financier durable que ce genre d’exploitation peut nous amener», a poursuivi le chef de l’Exécutif, devant un parterre d’environ 150 personnes venues de Concise, mais également d’Onnens, de Corcelles-près-Concise et de Mutrux. Selon les projections, la carrière du Bois de la Côte pourrait rapporter, à terme, entre 300 000  et 600 000 francs par an. De quoi permettre à la Commune de «combler un manque à gagner d’environ 300 000 francs depuis cinq ans», selon Patrick Jaggi.

Le projet a été lancé il y a plus de neuf ans sous l’égide de l’ancien syndic, Michel Paris, qui cherchait déjà de nouvelles sources de financement. En juin prochain, le Conseil communal de Concise devra décider s’il accorde ou non un droit de servitude pour la carrière, ce qui permettrait au projet d’aller de l’avant. Or les réticences sont nombreuses. «Comment allez-vous gérer les nuisances? Ayant vécu le chantier du rail et de l’autoroute, je peux vous dire que ce n’est pas un cadeau», a souligné un homme. à la fin de la séance, un autre glissait en aparté: «Vous avez vu ce qui s’est passé aux Echatelards? C’est le même genre de chose qui se prépare ici.» à quelques kilomètres de Concise, le projet de décharge contrôlée, sur le territoire de Grandson, a enregistré 1400 oppositions au terme de la mise à l’enquête, en décembre dernier.

A Concise, la route est encore longue et les étapes à franchir nombreuses, avant d’imaginer une carrière sur le territoire communal. Les projections tablent, au mieux, sur une mise à l’enquête en 2022. Si tous les feux sont au vert, le premier coup de pioche n’est pas prévu avant cinq à huit ans.