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La Gambie de Raoul Savoy attend le grand Cameroun

4 septembre 2015

Football – Le Sainte-Crix a débuté son nouveau mandat de sélectionneur par un petit exploit en Afrique du Sud (0-0). Il espère maintenant que son équipe saura créer la surprise contre les Lions indomptables.

Raoul Savoy a de quoi avoir le sourire. © Lionel Pittet

Raoul Savoy a de quoi avoir le sourire.

Le 13 juin dernier, la Gambie a gâché la fête des dizaines de milliers de Sud-Africains qui garnissaient le stade Moses Mabhida, à Durban. Les Bafana Bafana n’ont pu obtenir qu’un nul, 0-0, à domicile, à l’occasion du début de leur campagne qualificative pour la Coupe d’Afrique des nations 2017. Leurs adversaires, eux, avaient le sourire, comme leur sélectionneur… sainte-crix.

Il s’agissait, pour Raoul Savoy, de son premier match officiel à la tête de sa nouvelle sélection nationale. «Au pays, ce résultat a été accueilli comme une grande victoire», nous racontait-il, il y a une dizaine de jours, sur une terrasse yverdonnoise, à la veille de reprendre l’avion. Dimanche, son équipe accueillera, à Bakau, le Cameroun, une autre des grandes nations du football africain.

«Affronter le Cameroun, c’est comme affronter le Brésil», se réjouissait le plus exotique des entraîneurs nord-vaudois. Il s’attend à une grande fête, à évoluer devant 60 000 personnes. Mais, surtout, il rêve que ses Scorpions mettent au tapis les Lions indomptables. Car après avoir dirigé l’Ethiopie, le Swaziland et, tout récemment, la République centrafricaine, Raoul Savoy est convaincu d’avoir été nommé à la tête d’une sélection à très haut potentiel. La qualification pour la CAN sera très difficile à obtenir, dans un groupe où la Gambie fait, avec la Mauritanie, figure d’outsider face aux deux autres équipes, mais le Sainte-Crix ne l’exclut pas. Mieux, il espère rester suffisamment longtemps à la tête de son équipe pour lui faire acquérir un nouveau statut.

Une sélection à construire

C’est d’ailleurs une partie intégrante de son mandat: il doit construire la meilleure sélection possible, en poussant les meilleurs footballeurs gambiens évoluant à l’étranger à se mettre à sa disposition. «Il y en a beaucoup, assure Raoul Savoy. Ils évoluent notamment dans les pays nordiques et en Angleterre. Mais, historiquement, ils reprochaient le manque de professionnalisme de l’équipe nationale et rechignaient à s’y engager. Mon rôle est de faire changer cela, et le message commence à passer.»

Mais la tâche de Raoul Savoy ne se limite pas à cela. «Je dois aussi convaincre ceux qui ont deux passeports de jouer pour la Gambie», sourit-il. Une démarche assez particulière, notamment lorsqu’elle concerne Saidy Janko (Celtic Glasgow), à créditer de six apparitions sous le maillot… de l’équipe de Suisse M19. Le Sainte-Crix ne se formalise pas, concentré sur le mandat qui est le sien: exploiter le potentiel footballistique de la diaspora gambienne, dont il dit qu’il est énorme.

«Je dirais qu’en matière de football, la Gambie est comparable au Sénégal (les deux pays sont limitrophes, ndlr), aujourd’hui bien coté. La différence, c’est le degré d’organisation», estime-t-il. Et il espère contribuer à combler le retard de sa sélection. Dans cette optique, obtenir de bons résultats est nécessaire. «C’est le football. Une victoire contre le Cameroun et j’aurai la confiance des responsables pour un bon bout de temps, mais quatre ou cinq mauvais matches et je peux sauter», glisse-t-il, lucide. Il a néanmoins signé un contrat de deux ans et la participation d’un gros sponsor suisse au fonctionnement de l’équipe lui permet de se projeter sur la durée. «De toute façon, je m’engage corps et âme pour le projet, comme d’habitude. Même si la valise est prête à côté du lit…»

Depuis le temps qu’il y est engagé, Raoul Savoy connaît parfaitement les règles du jeu en Afrique. Celui qui a été délégué à la première équipe de Neuchâtel Xamax pendant l’ère Chagaev souligne d’ailleurs qu’elles ne sont pas bien différentes en Europe. Mais, il ne le cache pas, il aimerait un jour avoir l’opportunité d’entraîner un club professionnel au pays, lui qui a plafonné avec les M21 de Sion jusqu’ici. «Comme on dit: nul n’est prophète en son pays», sourit celui qui, est par contre, à nonante minutes de le devenir en Gambie.