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La grande championne est Frivole

23 janvier 2013

La vache de Gilbert et Steve Christen, agriculteurs à Cheseaux-Noréaz, a remporté le concours réservé à sa race dans le cadre de Swiss Expo.

Steve Christen pose en compagnie de Frivole, qui a su convaincre le juge Helmut Matti, lui-même éleveur à Turbach.

En gagnant la compétition réservée aux représentantes de la race Simmental lors de Swiss Expo la semaine dernière, Frivole a offert un nouveau titre de prestige à la famille Christen, éleveurs de père en fils, et confirmé qu’elle appartient à une lignée d’exception (lire ci-dessous).

Le décanteur à vin et l’assortiment floral reçus à l’occasion de la victoire obtenue au Palais de Beaulieu, à Lausanne, trônent encore sur la table de la cuisine lorsque Gilbert Christen fait son entrée en provenance de l’écurie, où sa protégée a repris ses quartiers. Son fils vient de partir à Granges-Verney, où il réalise son brevet. La vie de tous les jours a repris son cours après la parenthèse Swiss Expo, à laquelle l’exploitant agricole a pris l’habitude de participer. «Lors de ses six premières éditions, la manifestation a eu lieu à La Chaux-de-Fonds en novembre. Nous n’avions pas le temps d’y aller, car on s’occupait de nos cultures. A l’occasion de son transfert à Lausanne, j’ai décidé de m’y rendre avec deux ou trois copains afin de représenter la Simmental, qui était alors absente de l’événement.»

Origine montagnarde

Elevée aussi bien pour son lait que pour sa viande, la race a conquis le monde (lire ci-dessous) à partir de la vallée de l’Oberland bernois, d’où elle est originaire. Membre de la commission technique nationale de la Simmental, Gilbert Christen est lui aussi tombé sous le charme de cette vache «rustique, adaptée aux montagnes suisses».

L’élevage qu’il possède en compagnie de son fils compte aujourd’hui 120 bêtes. A l’image de la nouvelle championne, certaines de ses protégées participent à des concours. «Nous avions quatre vaches à Swiss Expo. Je savais que Frivole était notre meilleure chance de remporter un titre», déclare l’exploitant agricole.

Pas de diva dans l’écurie

Même si ce type de distinction assoit la réputation de son élevage, pas question de réserver un traitement de faveur aux compétitrices. «On les laisse toute l’année avec le reste des bêtes. Lorsqu’elles ne sont plus rentables, elles finissent en saucisses, comme les autres», indique Gilbert Christen.

La participation à des événements tels que le salon agricole de Beaulieu nécessite cependant un minimum de préparation. «On tond les vaches deux jours avant l’échéance et on soigne leurs sabots en cas de besoin. Il faut aussi les promener en vue du concours», relate l’agriculteur.

Acheminées jusqu’à la capitale vaudoise dans une bétaillère mercredi dernier, les représentantes de son élevage ont été soumises à un contrôle vétérinaire avant de prendre place dans l’espace qui leur était réservé. «Nous les avons trait le soir-même pour qu’elles aient les tétines pleines lors du défilé», précise l’éleveur de la championne.

Organisé le lendemain, le concours a vu les beautés bovines de la race Simmental se succéder par catégories établies en fonction de leur âge. Outre la tétine (attachement du pi, longueur des mamelles), le juge s’est basé sur des critères tels que la grandeur de l’animal, sa masse musculaire, l’alignement du dos, la profondeur de flanc, la finesse de l’ossature et la démarche pour sélectionner les aspirantes au titre de reine de l’écurie.

Aux prises avec une cinquantaine de concurrentes cornues bien décidées à s’illustrer, Frivole a brillamment su tirer son épingle du jeu, et pu se présenter à la phase finale du concours, au même titre que quatre autres candidates, avec l’issue heureuse que l’on connaît.

 

Une race appréciée

Aux dires de Gilbert Christen, 11% du cheptel bovin suisse serait composé de vaches Simmental. Cette race, dont le livre généalogique a été créé en 1806, est désormais présente aux quatre coins du globe. «On en trouve en France, en Allemagne, en Autriche, au Brésil, en Argentine, dans les pays de l’Est, mais aussi aux Etats-Unis, où elle est élevée uniquement pour sa viande», indique-t-il.

Tous pays confondus, le nombre de vaches d’origine Simmental à travers le monde s’élèverait à 40 à 60 millions. 

 

Née pour gagner

En remportant cette distinction, Frivole marche sur les sabots de sa mère, Fleur, apportant une ligne supplémentaire au palmarès d’une famille d’exception. Aux deux sacres obtenus par cette dernière à Swiss Expo en 2005 et 2007 s’ajoutent les performances de Finette, membre du groupe suisse ayant terminé deuxième d’une exposition en Autriche en 2009 et Farandole, première de sa catégorie à Swiss Expo la même année, toutes deux soeurs de Frivole. Auparavant, leur grande-tante avait déjà montré la voie en devenant championne d’Europe à Paris en 2002. La sélection du frère de Finette, Farandole et Frivole comme taureau inséminateur de la race, garantit la continuité d’une lignée de champions.