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La mendicité au coeur des débats

6 mai 2013

Un projet de règlement proposant de supprimer le droit de demander l’aumône dans les rues de la Cité thermale a déchaîné les passions à l’Hôtel de Ville.

Les mendiants présents à Yverdon ne laissent personne indifférent.

Sans doute parce qu’elle implique de soupeser un certain nombre de valeurs fondamentales associées à la vie en société –respect de la liberté individuelle, maintien de la sécurité et de l’harmonie sur la voie publique, devoir de solidarité envers les plus démunis-, la thématique de la mendicité est un sujet brûlant, synonyme de débats nourris à tous les niveaux politiques, dans le canton de Vaud comme ailleurs dans le pays. La demande de l’UDC yverdonnoise d’adopter un article de loi l’interdisant sur le périmètre de la Cité thermale n’a pas dérogé à la règle.

«La mendicité comme réponse à la pauvreté et à la misère est une idée du Moyen-Age.» Cette affirmation émise par le conseiller communal Roland Villard (UDC)au début de son intervention traduit la posture claire de son parti face à cette pratique. Perturbatrice de la tranquillité en ville, voire cause potentielle de débordements en raison de l’attitude, jugée agressive, des demandeurs d’aumône; subordonnée au risque d’exploitation de mineurs, de personnes âges ou invalides à la botte d’organisations mafieuses, la mendicité doit, selon la section yverdonnoise de l’UDC, disparaître des rues du chef-lieu nord-vaudois, une interdiction d’ailleurs déjà en vigueur dans certaines villes.

Peu de réseaux?

Porte-parole des Verts, Fanny Spichiger a exprimé le désaccord des siens face à cette prise de position, en se basant notamment sur l’exemple genevois, ville dans laquelle le système d’amendes ne semble pas efficace. La conseillère communale a par ailleurs déclaré que les experts s’étant penchés sur l’organisation de la mendicité en terres vaudoises ont parlé de structures familiales, voire claniques, plutôt que de réseaux mafieux coupables d’exploiter des êtres humains.

Au-delà de ces considérations, les Verts estiment que l’article envisagé par l’UDC contrevient aux valeurs de liberté et de solidarité défendues par leur parti. Giancarlo Valceschini (Soc) n’a pas manqué d’abonder dans ce sens lors de son intervention au nom du Parti socialiste. Son discours a mis en avant l’inutilité et l’aspect disproportionné de la mesure débattue alors que les dealers, dont l’activité est autrement plus préjudiciable pour la collectivité, «poursuivent leur commerce au vu et au su de toute la population».

Une commission pour statuer

Au vu des positions tranchées cristallisées dans les propos des différents intervenants et des émotions suscitées par les débats, le municipal en charge de la Police, du Service d’ Incendie et de Secours et des Sports de la Ville d’Yverdon, Jean-Daniel Carrard, a invité avec succès l’assistance a opter pour l’alternative du Parti libéral-radical yverdonnois communiquée par Valérie Jaggi Wepf, à savoir renvoyer le projet de règlement à une commission afin de ne pas «faire doublon avec l’Etat de Vaud».

Preuve que le sujet divise, la motion de l’UDC visant à interdire la mendicité a été rejetée d’une voix par le Grand Conseil vaudois en mars dernier. Une initiative a dès lors été lancée par le parti de droite en avril. Toujours à l’échelon cantonal, le PLR a pour sa part vu sa motion portant sur l’interdiction de la mendicité organisée être renvoyée en commission.