Logo
La voix des Lions
Jimmy De Gasperis à l’œuvre lors de la demi-finale des playoffs qui a opposé le Lausanne HC à Fribourg-Gottéron. Il y avait de quoi en avoir les frissons! Mediafab Photography

La voix des Lions

17 avril 2025 | Textes: Manuel Gremion
Edition N°La Région Hebdo No 7

Jimmy De Gasperis est, depuis cette saison, l’un des speakers du Lausanne HC. A 24 ans, le Nord-Vaudois participe à la formidable ambiance qui règne à la Vaudoise aréna.

Comme tant d’autres, il est tombé dans le chaudron de Malley lorsqu’il était petit. Le Lausanne HC évoluait alors en LNB, et Jimmy De Gasperis et son frère, Alan, se rendaient aux matches avec leur papa et leur grand-papa. «L’ambiance, la ferveur m’impressionnaient, se souvient celui qui a vu sa première rencontre des Lions vers l’âge de 8 ans. Je suis tombé amoureux du club.»

Son grand-papa a transmis le virus à son papa, et ce dernier, qui en outre fait partie des photographes en bord de glace, en a fait de même avec ses enfants. Comme tous les jeunes qui se rendent à la patinoire soutenir le LHC, celui qui a grandi à Champagne est, avec le temps, allé chanter dans le kop, a donné de la voix pour ses couleurs. Une voix qu’il met désormais au service du vice-champion de Suisse en titre, en tant que speaker.

Joueur d’unihockey à Yverdon, Jimmy De Gasperis a fait ses débuts au micro lors d’un match de LNB des féminines de l’UCY, fin 2023. Il avait remplacé au pied levé le speaker habituel, absent pour le coup. «Je me suis senti à l’aise, mais bon, il y avait 70 personnes…», sourit l’enseignant à Champagne, qui s’exprime désormais devant 9600 spectateurs. Une amie lui avait alors tout de même dit qu’on l’entendrait bientôt à la Vaudoise aréna. Prémonition?

En tout cas, les circonstances ont fait que, depuis le début de la saison actuelle, le Nord-Vaudois est effectivement devenu l’un des speakers du club, et ce au moment même où le club vit les meilleures saisons de son histoire. Tout a démarré lorsqu’il a appris, par un ami, que quelqu’un était recherché pour occuper la fonction. «Jimmy, je te verrais bien là-dedans», lui lance-t-on lorsqu’on lui propose de venir assister à une rencontre depuis la cabine, et le voilà convaincu de se lancer. Il envoie une lettre de motivation, réalise des sons et des vidéos, et il est embrigadé dans l’aventure.

Au fil de l’exercice, il est formé par Laurent Bernoulli, 25 ans au micro et qui prépare sa succession depuis qu’il a un peu levé le pied, ainsi que son pote Benoît Berger, dans le circuit depuis quelques saisons. Il commence par des choses toutes simples, comme annoncer la dernière minute de jeu d’un tiers. Pas à pas, il prend ses marques et on lui donne plus de responsabilités.

Sa première expérience au micro, c’était en Ligue des champions, en septembre dernier. «J’ai pris une belle claque. D’un coup, je me suis retrouvé de supporter à officiel. On se rend alors compte de tout ce qui se passe, des protocoles à suivre. On effectue un briefing d’avant-match, on communique avec la régie par radio durant les rencontres, on croise les joueurs dans les corridors. C’est un choc d’adrénaline», raconte le Covagnard.

Finalement, il se retrouve aux commandes pour des matches complets, d’abord avec quelqu’un à ses côtés, puis en autonomie totale. Il enchaîne les annonces en français, en allemand et en italien, avec ses notes, qu’il prépare avec soin pour chaque occasion, à côté de lui. Au même titre qu’il révise la prononciation des noms des joueurs. Le voilà plongé au cœur du chaudron de Malley, dans la peau du maître de cérémonie. Et il adore cela. «Au début, il y avait du stress, en raison de l’envie de bien faire, puis j’ai pris confiance et, à présent, je m’éclate, savoure-t-il. J’aime particulièrement le fait de pouvoir jouer avec le public. La première fois que j’ai annoncé un but, j’ai donné le prénom du joueur, et le stade a répondu avec le nom de famille, c’était prenant!»

Ce goût pour le spectacle, il l’a depuis toujours. Petit, lorsqu’il filmait un but, il attendait toujours l’annonce du speaker, car il trouvait que cela donnait plus de relief à ses vidéos. «C’est génial de me retrouver là, au micro», lâche-t-il, bien plus concentré sur ses tâches durant les rencontres que sur le match en lui-même.

S’il est resté assez discret sur son engagement à ses débuts, ses amis dans les gradins et les tribunes de l’arène sont désormais très attentifs à la voix qu’ils entendent à chaque rencontre. «Mes potes m’appellent à présent le speaker», se marre Jimmy De Gasperis, qui se voit poursuivre l’aventure pendant un bon bout de temps. «Laurent Bernoulli a passé plus de temps derrière le micro que moi sur Terre. Benoît et moi, on se voit bien le faire nous aussi pendant des années, assure le dernier arrivé. Cela me permet non seulement de suivre mon club de cœur mais, en plus, de faire quelque chose pour lui.»

Engagé pour la deuxième année consécutive en finale des playoffs de National League, le Lausanne HC permet à ses fans de vivre de grands moments d’émotion. Au bord de la glace, Jimmy Gasperis savoure ces instants. «Après la finale de la saison dernière, on s’est tous mis à rêver. L’équipe a signé beaucoup de victoires à la maison, on sent l’ambiance à la patinoire.»

Samedi, lors de l’acte III contre Zurich, ce sera à son tour de prendre le micro, avec le secret espoir de scander le nom du buteur lausannois de la victoire pour le peuple de Malley.