L’art d’accompagner les naissances
21 novembre 2024 | Texte: Maude BenoitEdition N°3836
De plus en plus de futurs parents se tournent vers les maisons de naissance, plutôt que les maternités traditionnelles, pour accueillir leur enfant. C’est le cas d’Ônénuphars à Yverdon-les-Bains.
Sérénité, douceur et sécurité sont les maîtres-mots caractérisant souvent les maisons de naissance. Si accoucher dans ce genre d’établissements reste une pratique minoritaire – selon Vaudfamille.ch, «en 2023, seulement 2,75% des naissances en Suisse ont eu lieu dans une des 23 maisons de naissance du pays, dont une douzaine en Romandie» –, celle-ci prend de l’ampleur.
À Yverdon-les-Bains, se trouve l’une d’entre elles, la maison de naissance Ônénuphars. Mélanie Corminboeuf et Fanny Curchod, infirmières et sages-femmes, ont remarqué une demande croissante et un vide des espaces d’accueil extra-hospitaliers dans la région élargie du Nord vaudois et de la Broye. Ônénuphars s’attache à combler ce manque.
Ouverte depuis un an et demi, la maison de naissance a déjà accompagné plus de 100 naissances (par comparaison, les établissements hospitaliers du Nord vaudois – eHnv – comptent en moyenne mille naissances par année).
Qu’est-ce qu’une maison de naissance?
Une maison de naissance est un espace extra-hospitalier où des sages-femmes accompagnent les femmes et les familles avant, pendant et après la grossesse. Elodie Perret, sage-femme, souligne que «nous n’accouchons pas nos patientes, nous les accompagnons dans ce processus. Le but est de renaturer ce moment et de redonner aux femmes le pouvoir d’accoucher.»
Evidemment, il est possible d’accoucher en dehors des hôpitaux, uniquement dans le cas des grossesses à bas risque, «ce qui concerne la majeure partie des cas», explique Elodie Perret. De plus, elle précise qu’il ne s’agit pas de diaboliser l’accouchement en milieu hospitalier. «Nous souhaitons plutôt pouvoir collaborer davantage avec les gynécologues et les hôpitaux.»
À noter que, tous les coûts sont pris en charge par l’assurance. Seuls 300 francs de frais d’inscription sont demandés.
Une maison de naissance, ça ne s’improvise pas
Mélanie Corminboeuf et Elodie Perret souhaitent briser les préjugés autour des maisons de naissance. «Nous sommes conscientes de nos limites et n’hésitons pas à contacter l’hôpital en cas de problème», explique Mélanie Corminboeuf.
Ainsi, il faut mentionner que la maison de naissance se situe à un kilomètre et demi seulement de l’hôpital d’Yverdon et dispose d’une sortie d’urgence permettant aux ambulances d’avoir accès directement à la salle d’accouchement. Les sages-femmes doivent également suivre un protocole précis et ont tous les outils de premiers secours à disposition.
Pour Mélanie Corminboeuf et Elodie Perret, le suivi en confiance et la sécurité sont primordiales. «Si tous ces éléments sont respectés, alors il n’est pas plus dangereux ou risqué d’accoucher en maison de naissance, qu’à l’hôpital», expliquent-elles.
Une équipe polyvalente
Ônénuphars compte actuellement douze sages-femmes aux formations complémentaires, diverses et variées, pour procurer aux familles un répertoire varié de soins avant, pendant et après l’accouchement. En plus du suivi de base, il est possible de faire de l’acupuncture, du yoga, des drainages lymphatiques, des cours de préparation, du conseil en lactation, de la consultation de sommeil, de la rééducation du périnée, entre autres. De plus, trois des sages-femmes d’Ônénuphars peuvent également accompagner des accouchements à domicile.
L’équipe s’attache à créer un lien de confiance avec la famille, afin que l’accouchement se déroule dans des conditions sereines, harmonieuses et apaisées, en respectant le rythme du corps de la femme et du bébé. «L’essence même de notre métier», conclut Elodie Perret.