Le CACY questionne notre rapport à l’animal
27 février 2025 | Texte: Lena Vulliamy | Photos: Michel DuperrexEdition N°3901
Le Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY) a invité onze artistes à exposer leurs œuvres. Elles font réfléchir à la condition humaine actuelle et aux symboles associés aux animaux.
Humanilia, contraction des termes humanitas et animalia, parce que la nouvelle exposition du CACY est comme une succession de fables contemporaines. Dessin, peinture, sculpture, images en mouvement: les onze artistes mandatés ont pour la plupart créé spécialement pour Humanilia et ont eu carte blanche pour exposer leur perception sur les enjeux et problématiques que les humains font porter aux autres animaux.
Domestique ou sauvage
«Ma curiosité des espèces dites invasives a été éveillée par une rencontre avec un silure en nageant dans le Rhône», raconte par exemple l’artiste de Genève Apnavi Makanji, qui a dessiné plusieurs de ces poissons comme une nature morte, «mais en mouvement, avec des plantes considérées comme invasives. J’aime les humains, mais qu’est-ce que je nous trouve invasifs!»
Avec ses tableaux au crayon de couleur, représentant des créatures parfois humaines, parfois chimériques, avec notamment une vache en laisse, la Vaudoise Lucie Kohler s’interroge sur l’opposition entre domesticité et état sauvage.
«Certains travaux parlent d’écologie, des conséquences des nouvelles technologies sur l’humain, sa relation à l’humain et avec d’autres espèces», explique Rolando Bassetti, directeur du CACY.
Trois chauves-souris
Quant à l’artiste de Valeyres-sous-Ursins Romain Rochat, il a créé Bats are Fairies (les chauves-souris sont des fées), une installation en bois sur laquelle circulent trois chauves-souris moulées en silicone. Passionné par les mythes et les légendes, inspiré par le conte Les fées et les elfes de la vallée de Joux, le diplômé de l’école cantonale d’art de Lausanne a tenté de retrouver les lieux dans lesquels les fées se seraient recluses, notamment la Grotte aux Fées. Car la légende raconte que les créatures vivaient en communion dans un cadre paisible, mais ont dû chercher un nouveau lieu pour implanter leur palais avec l’arrivée des humains. Mais à la Grotte aux Fées, il n’y a que des chauves-souris. Les trois chiroptères de l’œuvre du Nord-Vaudois font ainsi référence aux trois fées qu’on retrouve souvent dans les contes. Quant aux matériaux utilisés, ils sont majoritairement recyclés et font référence au passé industriel de la région, marqué par les automates et l’horlogerie. Notons encore que la structure en bois s’inspire de l’artiste combier Pierre Golay.
Programme chargé
En marge de l’exposition, un programme de médiation culturelle a été concocté. Ce dimanche, une visite avec les artistes est prévue, et d’autres rencontres sont agendées jusqu’à fin mai. Les enfants s’y retrouveront avec des activités dans le cadre de Pâkomuzé et du Festival du livre jeunesse.
Infos pratiques
Humanilia, au Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY): du 2 mars au 24 mai. Avec des œuvres de Juri Bizzotto, Salomé Engel, Gina Fischli, Elisa Gleize, Lucie Kohler, Zilla Leutenegger, Basim Magdy, Apnavi Makanji, Romain Rochat, Grégory Sugnaux et Joana Vasconcelos. Activités en marge à retrouver sur centre-art-yverdon.ch