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Le retour aux sources de Xavier Margairaz et Arnaud Bühler

3 juillet 2015

Football – Challenge League – Les deux gauchers nord-vaudois portent à nouveau, cette saison, les couleurs du FC Lausanne-Sport, le club qui les a lancés dans le grand bain, au début des années 2000. C’est, désormais, à eux d’accompagner la nouvelle génération.

Xavier Margairaz (à g.) et Arnaud Bühler ont retrouvé un stade qu’ils connaissent bien. © Michel Duperrex

Xavier Margairaz (à g.) et Arnaud Bühler ont retrouvé un stade qu’ils connaissent bien.

Le Lausanne-Sport de Fabio Celestini affichera, cette saison, un profil plus vaudois que jamais. Deux des quelques nouveaux visages du contingent ne dépareilleront franchement pas à la Pontaise, à l’heure de la reconquête de tout un canton. A 31 et 30 ans, les Nord-Vaudois Xavier Margairaz et Arnaud Bühler retrouvent le club où ils ont fait leurs premiers pas en tant que professionnels, au début des années 2000. Rencontre avec les nouveaux anciens du LS.

Vous voilà réunis à Lausanne. C’est une sorte de retour aux sources pour vous deux!

Arnaud Bühler: C’est clairement un plaisir d’y revenir. On connaît la maison, l’environnement. D’ailleurs, pas grand-chose n’a changé ici: le stade, les vestiaires… On y a presque retrouvé nos places de l’époque!

Xavier Margairaz: On était partis quand c’était la période de la faillite, dans des moments compliqués. Aujourd’hui, on revient parce que le club développe une nouvelle philosophie, celle de travailler avec les jeunes.

Compte tenu de vos galères respectives, pourquoi n’êtes-vous pas revenus plus tôt à la Pontaise?

XM: Il y a eu des contacts, en ce qui me concerne, mais ça ne s’était pas fait, car ce ne devait pas être le moment. Aujourd’hui, ça l’est.

AB: La nouvelle direction que souhaite prendre le club nous a interpellés. Auparavant, oui, il y avait des intentions, mais elles étaient encore timides. On ne sentait pas la même envie de prendre ce chemin. Il n’y avait pas ce petit truc qui fait que…

A quel point la présence de Fabio Celestini, comme entraîneur, a-t-elle influé votre décision?

AB: Depuis la Hongrie, je suivais ce qui se passait à Lausanne. Je voyais, à travers son discours, que quelque chose de sympa se préparait. Le projet du club, avec un noyau de jeunes Lausannois et un vestiaire sain, m’a plu.

XM: Celestini a dit que la porte était toujours ouverte aux anciens Lausannois qui souhaitaient pouvoir s’entraîner. Je suis venu en mars avec le groupe, sans rien de concret. Peu à peu, il a pu m’expliquer son projet. De mon côté, la forme est revenue, et les choses se sont faites naturellement.

Vous êtes des joueurs expérimentés, mais est-ce juste de dire que c’est une sorte de nouvelle carrière qui commence pour vous deux?

AB: Je ne crois pas que c’est un nouveau départ, non. Car, au fond, j’ai toujours su que j’allais revenir, peu importe comment, peu importe où. Cela dit, bien sûr, je vais découvrir une catégorie de jeu que je ne connais pas, et dont je ne connais pas la valeur.

XM: Une nouvelle carrière? Je ne sais pas. Oui, c’est extraordinaire de pouvoir me retrouver dans le club qui m’a lancé, avec un rôle important. Je vais pouvoir vivre de ma passion durant un an, et j’espère bien plus encore. A mes yeux, c’est surtout un nouveau challenge. Pour l’équipe, pour la ville, pour le canton. Avant, mes choix de carrière avaient été plus personnels.

Vous aurez un rôle important auprès des jeunes.

XM: On se sent responsables d’eux, car on n’est pas n’importe où. Ce club a une histoire, et on se doit d’être des leaders. Il faudra montrer la voie à suivre dans les moins bons moments.

AB: C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas hésité à m’engager au LS. Et puis, la relation entre nous, les anciens, et les jeunes n’est pas à sens unique. OK, on doit les tirer avec nous, mais eux montrent beaucoup d’envie, ce qui nous poussera à être meilleurs encore.

Ce rôle de leader, est-ce nouveau pour vous?

AB: J’avais déjà eu un rôle similaire, en tant que capitaine, à Sion. Mais, cette fois, c’est une autre approche. On est tous de la même région, de la même ville, et chacun se battra jusqu’au bout pour ce club.

XM: J’avais aussi des responsabilités à Zurich, car un joueur de l’équipe nationale a un statut particulier, et se doit d’être toujours au top, de montrer l’exemple et de bonifier ses coéquipiers.

Arnaud, comment s’est passée votre aventure hongroise, au Szombathelyi Haladás, ce printemps?

AB: Ça a été une très bonne expérience. Pour revenir à la question de savoir pourquoi je ne suis pas revenu plus tôt au LS, c’est aussi parce que ça aurait été la solution de facilité. J’avais besoin d’un challenge, avant. Je suis arrivé dans un pays où je n’étais personne, sans connaître la langue, ni même la culture. Cela m’a permis de savoir que j’avais toujours la flamme. J’avais besoin d’une étape, car je n’aurais pas voulu arriver ici, à Lausanne, et traîner mon spleen. Au final, l’expérience a été parfaite. C’est exactement ce dont j’avais besoin.

Xavier, vous n’avez plus joué depuis une année (avec Servette). Vous sentez-vous capable de retrouver le rythme de la compétition?

XM: Le rythme n’est pas quelque chose de trop compliqué à retrouver. Mais revenir nécessite une grosse préparation, beaucoup de patience et de la motivation. Par chance, cela fait déjà deux mois que je m’entraîne avec le LS. Et puis, ce qui compte, c’est d’être prêt le 18 juillet, pour la reprise.

Malgré de longues périodes de chômage pour l’un et l’autre, pourquoi avez-vous persévéré?

AB: Un goût d’inachevé. Je ne me suis pas posé la question si je voulais arrêter. Je savais que la roue allait tourner, même si cela a pris plus de temps que ce que j’imaginais. Le mot patience a pris tout son sens.

XM: J’essaie de donner toujours le 100% lorsque je m’investis, et je ne veux pas avoir de regrets. On peut toujours discuter des choix, qui ont été bons ou mauvais, mais je les assume. Par contre, je souhaite finir sur une bonne note. J’aurais pu signer plus tôt, ici ou là, mais je sentais que ce n’était pas le moment. Je voulais un contexte où pouvoir bien m’exprimer.

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ces moments?

XM: Pour moi, le plus compliqué était de me préparer pour une guerre que je ne connaissais pas. Quand tu es dans une équipe, tu as des objectifs, des échéances, un prochain match, etc. Là, quand tu vas faire un essai, tu n’es jamais vraiment au top, alors que les gens attendent, forcément, que tu sois au-dessus du lot. Par contre, ces moments sans club ont été très enrichissants sur le plan humain. J’ai rencontré beaucoup de gens, d’autres professions, dans la même situation que moi. Je sais que, malgré tout, je restais un privilégié.

AB: Le plus compliqué, pour moi, était de garder la motivation pour me maintenir physiquement, sans savoir pour quand. Avec le temps, tout devient répétitif et lassant.

Combien d’années pensez-vous encore pouvoir jouer?

XM: La question n’est pas combien, mais à quel niveau je pourrai jouer. Si je ne suis pas performant, alors, certainement, j’arrêterai. Car tout tourne autour du plaisir. Tant que tu es au top, tu en as, et inversement.

AB: Oui, c’est le plaisir qui dicte la fin. Mais, dans l’idéal, j’aimerais terminer ma carrière ici, à Lausanne, dans quelques années, avec une promotion avant cela!

Vous sentez-vous capable de rejouer en Super League? Et est-ce un objectif?

AB: Oui, clairement. Et de préférence avec Lausanne!

XM: Peut-être! (long silence) Je ne sais pas encore me situer, mais je vais faire de mon mieux.

Quand, à votre avis, le LS retrouvera-t-il l’élite?

AB: Il y a eu de nombreux changements dans l’effectif, cette année, et il est difficile de connaître le niveau de l’équipe. Mais elle a un énorme potentiel. J’espère que Lausanne montera le plus tôt possible, et que je ferai partie de l’aventure!

XM: On n’a pas cette pression de la promotion, cette saison. Par contre, il faudrait déjà s’approcher un peu plus de celle-ci.

Quelles sont les ambitions de ce LS, pour ce championnat?

AB: L’idée est de construire une équipe compétitive pour titiller la promotion dans les deux-trois ans à venir.

Vous jouez contre Sion (samedi, 15h30, à La Sarraz) dans le cadre du match de gala qui précédera la Nuit du football vaudois. Gardez-vous un sentiment de revanche vis-à-vis du club valaisan, où les choses s’étaient mal finies pour vous deux?

AB: Non.

XM: Pas du tout. Il y a d’ailleurs toujours quelques joueurs avec qui on s’entend très bien. De toute façon, j’assume mes choix. C’est le fait que j’ai signé là-bas qui a fait que…