Le sacre d’Arben Sylejmani
5 novembre 2015K1 – L’Urbigène est devenu champion du monde WKU -79 kg à Volketswil, dans la nuit de samedi à dimanche.

Arben Sylejmani avec sa ceinture de champion du monde, entouré de son père, Adem, et de ses camarades du club Liridon Osmanaj (à g.) et Yannick Kingue.
Arben Sylejmani est monté sur le ring non seulement pour réaliser son rêve d’enfant mais, pardessus tout, «ramener ce titre» à son père. Depuis samedi dernier, tard dans la nuit, l’Urbigène de 26 ans est champion du monde WKU de K1, dans la catégorie des -79 kg. Une ceinture qu’il a décrochée en battant son adversaire par KO, au deuxième round, d’un coup de genou en plein menton.
Dès cet instant, le premier regard du champion a, bien sûr, été vers son papa et entraîneur. «On l’a fait», lui a-t-il lancé. C’est que, il y a de longues années, Adem Sylejmani était lui-même sur le ring pour un titre mondial, en tant que challenger, mais il avait été vaincu. «Pour lui, le travail était réussi quand il m’a amené à ce combat. Moi, je lui ai rendu cela en le remportant», lance le champion de fiston.
Porté par une cohorte de quelque 200 fidèles -amis, camarades de club, collègues de travail et passionnés de kickboxing-, Arben Sylejmani a vécu une soirée de rêve, dans ce qui est devenu «le chaudron de Volketswil», le temps d’une soirée. De l’hymne national suisse au sacre, en passant par un combat intense, les émotions ont atteint des sommets, dans la salle zurichoise.
Sur le ring, tout a démarré très fort. Le Nord-Vaudois et son adversaire Jaouad El Byari -un Italien d’origine marocaine- se sont rendu coup pour coup. «C’est assez rare que ça débute aussi fort dans un combat en cinq rounds, commente le vainqueur. Ce n’est pas non plus mon habitude de tout le temps aller de l’avant mais, cette fois, c’était probablement la seule manière de prendre le dessus.»
C’est que, face à un adversaire expérimenté et déjà auréolé de plusieurs titres mondiaux dans différentes fédérations, le combattant du Team Adem Yverdon n’avait pas les faveurs de la cote. Pourtant, il a déjà mis son rival au tapis en fin de premier round, d’une droite au menton. «Les conseils du coin étaient de ne pas baisser le rythme à la reprise», se souvient Arben Sylejmani. Ce dernier a alors poursuivi son travail, touchant à de nombreuses reprises son vis-à-vis, qui a été compté deux fois de plus, avant de recevoir le coup fatal, toujours au 2e round.
Parti saluer les spectateurs dans les quatre coins du ring, Arben Sylejmani a, à chaud, repensé aux longs mois de préparation, quand il a serré les dents, afin d’être à la hauteur le jour J. «J’étais fier d’avoir réalisé un tel combat devant mon public », raconte celui qui a reçu les félicitations, par courriel, du ministre des sports du Kosovo, son pays d’origine.
Deux mois plus tôt, l’Urbigène pensait encore devoir défier le Grec Giannis Sofokleous, tenant de la ceinture. Ce dernier, blessé, était incapable de défendre son titre, devenu vacant. Le suivant dans la hiérarchie, El Byari, l’a remplacé. L’Italien compte, à son palmarès, 92 victoires en 115 combats. Pour Arben Sylejmani, il a fallu adapter sa préparation à son nouvel adversaire, réputé pour être un dur à cuire. «On a travaillé ma force de frappe, avec beaucoup de séances dans les pattes d’ours et le sac», explique le nouveau champion du monde. Il a également bossé les variations de rythme, étant donné la durée hypothétique du combat.
Les derniers mois ont été rythmés par les séances à la salle familiale, mais aussi avec les «sparrings» en Argovie, notamment, où il s’est frotté à d’autres pros venus, parfois, carrément de Russie. «On a beaucoup poussé. Je n’avais jamais été aussi prêt physiquement », affirme celui qui est monté sur le ring, plus confiant que jamais, vers la gloire.