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«Ma vie, c’est de faire du sport»
Adrien Itim (devant) lors du Cross des Wasimolo, dont il a pris le 6e rang au scratch sur le parcours de 11 km, début novembre à Molondin.

«Ma vie, c’est de faire du sport»

5 décembre 2024 | Texte: Muriel Ambühl | Photo: Sarkozy-A
Edition N°3846

Adrien Itim fait partie des athlètes de la région qui écument les courses populaires, et finit souvent haut dans le classement. Mais le Bavoisan se plaît à multiplier les disciplines, du cyclisme à l’alpinisme, cumulant les sorties par tous les temps.

Si vous appelez Adrien Itim, en journée ou en soirée, la probabilité est bien plus grande qu’il soit en train de pédaler ou au milieu d’une séance de trail, plutôt que posé dans son canapé. Le sport est un véritable mode de vie pour le Bavoisan de 29 ans, qui ne manque jamais une occasion de sortir, à vélo ou à pied, sur les routes autour de chez lui ou en montagne, quelle que soit la météo. Quitte à profiter de commencer le travail un peu plus tard pour pédaler jusqu’à la vallée de Joux, où il officie comme coach sportif.

Adrien Itim, vous qui participez à des épreuves sportives mythiques, telles que Sierre-Zinal et le Grand Raid, qu’est-ce qui vous motive à vous aligner également sur des courses populaires de la région?

Le côté familial, la bonne ambiance, et le fait de croiser toujours un peu les mêmes personnes, dont certaines avec qui il règne une petite rivalité à chaque course. Il y a moins cet aspect de performance pure, comme c’est le cas sur les grosses compétitions. Aussi, les distances sont plus courtes, à l’exception peut-être du Semi-marathon des Côtes de l’Orbe, ce qui fait que c’est plus explosif et fun.

Vous étiez, à la base, gymnaste. À quel moment avez-vous eu l’envie de diversifier vos activités sportives et de vous tourner davantage vers l’endurance?

En fait, j’ai toujours pratiqué de l’endurance, que ce soit de la course à pied, de la randonnée en montagne, du vélo. Mais, au printemps 2021, je me suis sérieusement blessé à un pied à la gym. J’ai refait une compétition en agrès un an et demi plus tard, et je me suis dit qu’en fait, j’en avais marre de passer du temps enfermé dans une salle et que je préférais être dehors à crapahuter un peu n’importe où. C’est comme ça que j’ai totalement basculé. Mon rythme de vie a fait que c’était la bonne combinaison, de pouvoir aller faire du sport seul en fonction de mes horaires, plutôt que d’avoir des entraînements fixes en groupe. Et cela me permet de profiter du soleil (rires).

Votre vie a-t-elle toujours tourné autour du sport?

Oui, tant par mon métier que ma famille, qui est assez sportive. L’un de mes frères a couru sous les couleurs de l’USY Athlétisme pendant des années. Pour la petite histoire, je portais d’ailleurs une de ses anciennes liquettes au Cross des Wasimolo.

S’il est relativement facile de commencer certains sports au niveau technique, d’autres, tels que l’escalade, demandent un minimum de connaissances. Comment vous êtes-vous mis à ce genre de discipline?

Principalement en autodidacte. Pour l’alpinisme, par exemple, il faut souvent juste oser, il y a des voies que l’on peut faire tout seul. En ce qui concerne l’escalade, j’ai suivi des cours, plus jeune, et j’en ai pas mal fait avec mes frères. Pour certains sports, il suffit d’aimer être dehors et bouger, et ça vient tout seul.

Vous avez aussi une certaine propension à faire du sport lorsque les conditions ne sont pas particulièrement favorables, en allant par exemple rouler à vélo de nuit…

Vu que j’adore bouger, je peux sortir à n’importe quel moment, et quelle que soit la météo. Je ne prétends pas que c’est toujours facile, mais j’arrive à trouver quelque chose qui va me motiver, je me dis que ça va me faire du bien. Et même si une sortie se passe très mal et que je rentre plus tôt que prévu, je pars du principe que j’aurai appris quelque chose. J’aime bien l’idée qu’il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvais équipements. Et tant que la météo ne remet pas en cause la sécurité, au pire, tu es juste mouillé. Alors, je ne me pose pas trop de questions.

Pour vous qui êtes naturellement très actif, n’est-ce pas un peu compliqué, parfois, dans le cadre de votre travail de coach sportif, de devoir pousser les gens pour les motiver à bouger?

Il y a quelques années, je n’arrivais pas trop à faire la différence entre ma réalité et celle des personnes qui venaient au coaching. Puis, en apprenant à connaître des gens différents, je me suis rendu compte qu’il y avait un monde entre ma perception du sport et celle des autres. Alors, à chaque fois que j’ai quelqu’un en face de moi, j’essaie de me mettre à sa place, de faire preuve d’empathie, et de me demander comment je peux lui apprendre quelque chose si sa vie, c’est d’être sur son canapé, alors que la mienne, c’est de faire du sport. J’essaie d’accompagner chaque personne, et de lui dire que si elle va faire le tour du pâté de maisons une fois par semaine au lieu de rester sur son canapé, c’est déjà un progrès.

Quelle importance a la compétition dans votre pratique du sport?

C’est important pour le moral, cela permet d’avoir un objectif précis et de construire les entraînements en fonction de celui-ci, afin d’être en forme le jour J. Et il y a une certaine volonté de rechercher la performance, mais dans la simplicité: c’est-à-dire d’atteindre un niveau suffisamment élevé pour être performant en compétition tout en regardant le paysage. Alors je ne dis pas que sur un Sierre-Zinal, je le regarde souvent, mais j’ai une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir profiter de ma course. D’ailleurs, je ne me suis pas encore mis à l’ultra-endurance, car je considère que je n’ai pas assez de temps et d’énergie à disposition pour avoir un entraînement adéquat afin de me montrer performant sur ce genre de distance. Je n’ai pas envie de bâcler un ultra en faisant une préparation inadéquate. Ce n’est pas le bon moment pour l’instant, mais ça le sera peut-être dans quelques années.

Pour vous qui êtes très polyvalent, est-ce compliqué de se battre pour les premières places, par exemple sur des courses populaires, face à des sportifs qui s’entraînent de manière plus spécifique dans une discipline?

Je trouve que les choses se combinent plutôt bien. Mais cette année, je me suis davantage focalisé sur la course à pied et surtout le trail, ce qui fait que j’ai pu rivaliser avec des spécialistes, et j’ai utilisé le vélo pour des sessions de récupération, même si je roule quand même beaucoup. Cependant, j’accepte de ne pas être ultraperformant dans un seul sport et, du coup, d’avoir un niveau acceptable dans plein de disciplines. Le but est de pouvoir faire un maximum de choses! J’essaie ainsi d’avoir un niveau physique qui me permet de ne jamais dire non à une sortie et de pouvoir l’effectuer en prenant du plaisir. Par exemple, le jour du Cross des Wasimolo, il faisait tellement beau que j’ai pris mon vélo et je suis ressorti l’après-midi, alors que j’avais tout donné au moment de franchir la ligne le matin. Je cherche à pouvoir sortir faire du sport autant de fois que je veux dans une journée pour profiter du beau temps, et quand il pleut… eh bien je mets un K-way!