Logo
Projet des Moulins contesté
Le projet de réfection de la rue des Moulins est confronté à des oppositions de riverains. raposo

Projet des Moulins contesté

6 février 2025 | I. Ro.
Edition N°3886

Le projet phare de la législature confronté à la réalité du terrain et aux oppositions.

«C’est évident qu’il faut refaire cette rue, mais pas de cette manière. Il faut respecter son histoire», explique Paul Balka, habitant de la rue des Moulins. Avec sa compagne, ils ont manifesté leur opposition au projet soumis à l’enquête publique à la fin de l’automne dernier. Et ils ne sont pas les seuls.

La réfection de la rue des Moulins devait être le projet phare de la législature en matière de mobilité, avec de larges espaces pour les piétons et les vélos, de la verdure, et la disparition d’une bonne partie des places de stationnement, tolérées sur une partie de l’allée verte qui recouvre l’ancien canal.

Le renouvellement des infrastructures de cette artère entre la rue du Midi et l’avenue Kiener est une nécessité. Des contrôles effectués il y a plusieurs années à l’aide de caméras ont démontré le très mauvais état des canalisations.

Du coup, dès son arrivée à l’Hôtel de Ville, la nouvelle majorité a décidé d’en faire une artère exemplaire en matière de mobilité. Ainsi, en avril 2022, un préavis concernant un crédit d’étude de 750 000 francs était déposé. Il a d’emblée suscité des interrogations, notamment en ce qui concerne les places de stationnement, dont l’occupation était attribuée principalement à «des pendulaires actifs et étudiants du CPNV».

Une assertion démentie par le constat fait  en fin de semaine: ce sont principalement des habitants du quartier qui occupent les 95 places recensées. L’autorité, se limitant aux besoins des résidents, en a déduit que «l’offre est plus importante que la demande». Tout en ajoutant que «ces chiffres seront consolidés par une étude plus complète».

Un défaut de financement confirmé

Au stade de ce premier préavis, le coût du projet – il n’était pas encore détaillé, ni définitif – se situait aux alentours de 9 millions de francs. La Municipalité comptait sur une aide fédérale de quelque 30% dans le cadre du plan d’agglomération (PA4). On sait depuis que Berne a refusé cette aide.

Dans son rapport, la majorité de la commission relevait un manque de financement de 1,5 million de francs. Selon Brenda Tuosto, municipale en charge de la Mobilité, le coût estimé du projet est sensiblement le même. Reste à régler le problème du financement dans le cadre de la priorisation des projets. Quant au coût, il ne pourra être affiné que dans le cadre du projet d’exécution. Mais on n’en est pas encore là.

Améliorer ce qui est indispensable

En effet, le projet mis à l’enquête publique  l’automne dernier – il correspond dans les grandes lignes à celui esquissé dans la demande de crédit d’étude – a suscité une dizaine d’oppositions. Elles sont en cours de traitement.

Mais avant cette étape, le projet a déjà pris quelque retard. En effet, le Canton n’a pas accepté la première mouture et a demandé des modifications pour éviter les conflits potentiels à l’intersection de la rue des Moulins avec les rues adjacentes qui relient la rue Roger-de-Guimps. «Il a fallu adapter le projet aux distances de visibilité exigées dans une zone 30. On doit gérer les conflits sur la bande mixte (piétons, vélos)», précise la municipale en charge de la Mobilité.

Le projet mis à l’enquête publique en fin d’année dernière a reçu l’aval du Canton, mais il n’a pas séduit tous les riverains. Ceux qui ont fait opposition seront entendus par l’autorité municipale qui, si elle le juge nécessaire, pourrait accepter certains aménagements.

Stationnement sauvage

Cela dit, le stationnement sur l’allée latérale constitue une pierre d’achoppement. Pour la municipale, il s’agit d’un stationnement sauvage, sur des places non aménagées – mais tolérées depuis bien longtemps puisqu’elles sont recouvertes de tout-venant – qu’il s’agit de régler.

Dans ce contexte, l’autorité envisage d’offrir des alternatives. Dans la lignée de l’accessibilité élargie aux habitants du quartier au parking du Midi (avec le macaron). Ce dernier affiche en effet rarement complet.

Si l’autorité a beaucoup insisté au début sur le stationnement des pendulaires et des personnes (étudiants?) du CPNV, le stationnement de véhicules d’entreprises est aussi incriminé. Mais dans la plupart des cas, il s’agit d’habitants du quartier qui utilisent un véhicule d’entreprise pour leurs trajets professionnels.

La municipale explique que de nouveaux sondages seront effectués et des discussions auront lieu avec la direction du CPNV. «C’est un nœud qui n’a jamais été traité. On va trouver des solutions.»

Respecter une allée historique

«J’ai le sentiment que le degré emblématique de cette rue n’a pas été pris en compte.  En examinant le projet, j’ai eu l’impression que l’autorité s’est livrée à un exercice de style», explique Paul Balka, résident de la rue des Moulins. Et d’ajouter: «Ce qu’ils ont fait, c’est un fantasme de projection, qui ne tient pas compte du contexte architectural, ni paysager, qui mérite d’être mis en valeur. Je me demande s’il n’y a pas une idéologie derrière…»

Et de tirer un parallèle avec le déplacement du monument aux morts: «On veut déboulonner, faire table rase du passé pour imposer le renouveau. On ne peut pas prendre ça au sérieux. La réfection du trottoir et de la route, avec les infrastructures, est nécessaire. Mais il faut conserver l’alignement des tilleuls (ndlr: il n’en reste que quatre) et renforcer cette ligne de végétation. On peut densifier le végétal et conserver le stationnement en épi si on introduit un sens unique.»

Pour ce résident de la rue, le projet ressemble à «un jeu d’écologie mentale, de papier, et quid de la trace historique?». Et de conclure: «Le château et l’Hôtel de Ville, c’est plus difficile à raser!» Il reste aux opposants l’opportunité de développer leur point de vue lors des séances de conciliation.