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Solar Stratos et l’esprit des pionniers
Solar Stratos lors de sa tentative avortée d’atteindre la stratosphère en juillet dernier dans les Alpes valaisannes solar stratos

Solar Stratos et l’esprit des pionniers

24 décembre 2024 | Texte: Jean-Philippe Presse-Wenger
Edition N°3859

L’éco-aventurier Raphaël Domjan avait invité, vendredi, ses partenaires et amis à une soirée placée sous l’égide des pionniers de l’aviation avec, en point d’orgue, la projection du récent film Saint-Ex.

Imaginer ce que personne n’a réalisé avant soi, et oser s’y lancer à corps perdu sans savoir si le succès ou l’échec sera au rendez-vous. Dépasser les limites, parfois au péril de sa vie, pour savoir si l’on a raison ou tort. Vivre pour une cause plus grande que soi. Tous ces thèmes, à la frontière entre la philosophie et la technologie, ont été effleurés par le film Saint-Ex, dans lequel Louis Garrel prend les traits de l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry. Projeté vendredi soir dernier à Explorit après la présentation détaillée des projets de Solar Stratos et de la Fondation Planet Solar, le film a parfaitement fait écho à l’esprit des pionniers de l’aviation qui anime encore aujourd’hui toute l’équipe de l’éco-aventurier neuchâtelois Raphaël Domjan.

La stratosphère pour 2025?

L’objectif de Solar Stratos est d’atteindre l’altitude de 10 000 mètres, puis de monter jusqu’à la stratosphère avec un avion uniquement mu grâce à l’énergie solaire. Durant l’été dernier, une fenêtre favorable pour monter à 10 000 mètres était ouverte le 29 août. Raphaël Domjan s’est mis aux commandes de son engin de presque 25 mètres d’envergure, mais n’a pas réussi à établir ce record, dernier jalon avant la stratosphère, notamment en raison d’autorisations administratives retirées au plus mauvais moment. Une journée frustrante pour toute l’équipe. Le Neuchâtelois a toutefois passé au-dessus du Cervin, ce qui lui a permis de prendre des clichés absolument splendides.

L’équipe doit encore trouver du potentiel d’amélioration dans plusieurs domaines, que ce soit le poids, la façon dont est stockée l’énergie produite par les panneaux solaires placés sur les ailes,  ou encore l’efficacité de ceux-ci. Pour l’instant, Solar Stratos pointe au troisième rang dans la conquête de l’altitude avec un aéronef sans hydrocarbures, derrière le projet Solar Impulse et l’Allemand Klaus Ohlmann, qui a réussi un survol de l’Everest (8848 m).

Au-delà de Solar Stratos, Raphaël Domjan gère également la Fondation Planet Solar, basée à Y-Parc, du nom du bateau solaire avec lequel il a effectué le tour du monde entre 2010 et 2012. Aujourd’hui, ce bateau est en rénovation sur l’île de Taïwan, après s’être échoué il y a à peu près deux ans sur les côtes indiennes. Aujourd’hui baptisé Porrima, le bateau devrait reprendre la mer pour naviguer jusqu’au Japon afin d’être une des attractions de l’exposition universelle d’Osaka, l’an prochain.

De Neuchâtel jusqu’au Pérou

L’actualité immédiate se dessine plutôt du côté des hauts plateaux d’Amérique du Sud. En effet, le bateau solaire Planet Solar II, bien plus petit que son illustre grand frère, a été testé sur le lac de Neuchâtel et s’apprête à voyager jusqu’au lac Titicaca, via Bâle, Rotterdam et Matarani. «Notre objectif est de récolter toute une série de données lors de notre future circumnavigation du Titicaca, à 3800 mètres d’altitude, détaille Raphaël Domjan. «Nous pourrons ainsi les comparer à celles enregistrées sur le lac de Neuchâtel (429 mètres d’altitude). Logiquement, l’altitude devrait permettre d’obtenir un meilleur rendement des panneaux solaires placés sur le bateau.»

Les moteurs thermiques équipant quasiment la totalité des embarcations présentes sur le plan d’eau sud-américain fonctionnent très mal à cette altitude. Le test grandeur nature prévu pour 2026 pourrait ouvrir la voie à l’utilisation d’énergies renouvelables pour la navigation et ainsi contribuer à la préservation du plan d’eau, en proie à des problèmes de pollution structurels. Par ailleurs, l’aventure péruvienne comportera également un volet archéologique puisque des missions subaquatiques seront menées durant le périple sur le lac d’altitude que se partagent le Pérou et la Bolivie.

Que ce soit sur l’eau ou à la limite de l’espace, toute l’équipe de Raphaël Domjan poursuit ses expériences et ses aventures afin d’ouvrir de nouvelles voies et de repousser les limites. En respectant toujours l’esprit des pionniers.