Tévenon – A l’initiative de Jean-Daniel Rousseil et de Marc Rosso, «Tévenon Coeur» se mobilise pour sauver des victimes d’attaque cardiaque dans des zones extra-urbaines et souhaiterait une meilleure coordination avec le 144.
Le défibrillateur des pompiers de Tévenon est à la disposition de bénévoles qui ont été formés pour sauver des vies.
Quels sont les gestes adéquats à adopter lorsqu’une personne est victime d’une attaque cardiaque et qu’il faut compter plus d’une vingtaine de minutes pour que l’ambulance arrive sur le lieu d’intervention ? C’est la question que se sont posés plusieurs habitants du village de Villars- Burquin après avoir été confrontés à une telle situation, en 2008, sur la place publique.
«Nous étions totalement démunis, s’émeut Jean-Daniel Rousseil, l’un des trois initiateurs de «Tévenon Coeur». Malheureusement, nous n’avons rien pu faire pour sauver cette personne à temps.»
Une Commune isolée
La Commune de Tévenon s’avère un cas particulier, puisqu’il faut compter plus d’une vingtaine de minutes pour qu’une ambulance atteigne cette localité éloignée, depuis les hôpitaux d’Yverdon-les-Bains, de Sainte- Croix et de la Béroche. «Dans la panique, il faut compter cinq minutes pour que quelqu’un appelle la Centrale 144. Dans le même temps, une victime d’attaque cardiaque perd chaque minutes 10% de chance de survie. Au-delà de dix minutes, les chances de survie deviennent quasi nulles», affirme Marc Rosso, ambulancier aux urgences de Fribourg. «D’où la nécessité de disposer de répondants directement sur place, dans des zones isolées comme Tévenon », poursuit-il.
«Tévenon Coeur»
Fondée en 2014 à l’initiative de Marc Rosso et de Jean-Marie Erb, tous deux ambulanciers, «Tévenon Coeur» souhaite faire bouger les choses. «A Fribourg, où je travaille, nous sommes en train de développer un système similaire à celui du Tessin (voir encadré), qui permet à la Centrale 144 d’appeler des répondants en zone extra-urbaine pour qu’ils puissent intervenir rapidement sur place, affirme Marc Rosso. Ayant grandi à Fontanezier, l’ambulancier est particulièrement sensible à cette cause. On peut sauver des vies en pratiquant un massage cardiaque ou une intervention avec défibrillateur. Le massage sert à faire circuler le sang pour oxygéner le cerveau. Quant aux électrodes du défibrillateur, elles envoient de l’électricité en cas de fibrillation ventriculaire. Le choc électrique permet aux cellules d’être à nouveau synchronisées, explique Marc Rosso.
Formés pour la réanimation
Avec l’aide de Jean-Marie Erb, ambulancier de Villars-Burquin et habilité à former des bénévoles au certificat de réanimation BLS-AED, Marc Rosso a souhaité proposer cette formation aux habitants de la Commune de Tévenon. «Le certificat BLS-AED est une formation théorique et pratique spécifique pour la réanimation des personnes victimes d’attaque cardiaque», précise Marc Rosso.
Plus d’une quarantaine de bénévoles du village se sont inscrits pour suivre cette formation sur deux jours. «La moité d’entre eux se sont même proposés pour devenir répondants à tout heure du jour et de la nuit», s’enthousiasme Jean-Daniel Rousseil.
Coordination avec le 144
La Commune de Tévenon a pris en charge les coûts du défibrillateur et de la formation et mis des locaux à disposition gratuitement. «Cette effort a été soutenu par la Municipalité de l’époque, dont j’étais membre, souligne Jean-Daniel Rousseil. Par ailleurs, nous souhaiterions une coordination avec la Centrale d’urgence 144 pour qu’elle puisse contacter directement les répondants en cas d’attaque cardiaque. Nous avons fait la demande auprès de la Fondation Urgences Santé. Malgré une réponse positive, en février 2016, rien de concret n’a vu le jour», déplore l’initiateur du projet.
Une vision globale
Contacté par La Région Nord vaudois, Stéphane Mistelli, directeur de la Fondation Urgences Santé ne peut «rien dire de concret pour l’instant en ce qui concerne la Commune de Tévenon ». «Nous avons plusieurs demandes de ce type et envisageons de créer un système similaire à celui du Tessin, affirme-t-il. Il existe deux cas spécifiques à Vallorbe et Villars-sur-Ollon où nous avons développé un système de répondants avec la centrale d’urgence 144», précise le directeur. Dès le premier trimestre de l’année 2017, la Fondation souhaiterait mettre en place un réseau global dans tout le canton. «Ainsi toute personne au bénéfice d’un certificat BLSAED, pourrait intervenir sur tout le canton», conclut Stéphane Mistelli.
Les Tessinois, précurseurs en réanimation
Depuis 2005, le Canton du Tessin a crée la Fondation «Ticino Cuore», suite à l’interpellation de plusieurs ambulanciers. L’objectif de la Fondation est d’augmenter les chances de survie des victimes d’arrêt cardiaque et de sensibiliser les différents acteurs sociaux face à ce type d’intervention en milieu extra- urbain.
Au niveau scolaire, des formations sont données à tous les élèves en fin de scolarité pour qu’ils obtiennent le certificat de réanimation BLS-AED.
Selon les chiffres de la Fondation «Ticino Cuore», 14% des victimes survivaient à un arrêt cardiaque, en 2005. Aujourd’hui, ce chiffre a augmenté à 55% grâce à l’intervention des répondants sur place.
La Fondation met également à disposition des défibrillateurs sur tout le territoire cantonal et assure le maintien de ces appareils en échange d’une contribution financière des Communes.
Les défibrillateurs sont référencés auprès de la Centrale 144. En cas d’intervention, la centrale guide les répondants et leur indique à quel endroit se trouve le défibrillateur.
Une application est également disponible gratuitement sur l’AppStore pour permettre aux répondants de géolocaliser la zone d’intervention.
