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Un moment de pure magie
A son arrivée, le naåvigateur a eu droit à une «standing ovation».

Un moment de pure magie

27 mars 2025 | Texte: I. Ro | Photos: Michel Duperrex
Edition N°La Région Hebdo No 4

Le navigateur genevois Alan Roura a fait escale pour s’entretenir avec les écoliers du collège Henri Dès.

Les élèves du collège Henri Dès ont vécu un de ces moments hors du temps qui vous marquent à vie: mardi matin, ils ont accueilli Alan Roura dans leur salle de gymnastique en interprétant Le bateau blanc de Sacha Distel, adapté pour la circonstance par leurs enseignants. A la fois surpris et heureux de cet accueil, le premier navigateur à avoir bouclé trois «Vendée Globe» à 31 ans a répondu avec naturel et humour à leurs très nombreuses questions. Cette rencontre exceptionnelle mettait un point d’orgue à un véritable travail scolaire réalisé tout au long de la compétition.

«C’est ça l’école!» relevait Olivier Perrin, doyen du secondaire venu assister à l’événement en compagnie de Stéphane Michot, directeur de l’Etablissement scolaire de Grandson et environs, dont dépendent les quelque 150 élèves de primaire (1 à 6 P) du collège Henri Dès.

La course autour du monde à la voile a en effet été le support de leçons quotidiennes, à la fois de géographie et de météorologie, les élèves suivant l’évolution de la course, et de leur favori, sur les écrans des classes.

Pour la venue d’Alan Roura, ils ont non seulement confectionné toute la décoration dans les couloirs de l’école et la salle de gymnastique, mais aussi les casquettes de moussaillon. Au moment de l’accueillir, la marinière était de mise aussi bien pour les élèves que les enseignants.

Les choses de la vie

Durant près d’une heure, le navigateur a répondu aux questions de ses jeunes admirateurs. Comment se douche-t-on sur un bateau? Où fait-on ses besoins? Avez-vous peur? S’il apprécie la nourriture sous vide et les pâtes en mer, il rêve parfois d’un bon morceau de viande avec des frites.

Quant à l’hygiène, il faut s’adapter. Pour produire  5 litres d’eau douce, il faut faire tourner le désalinisateur durant une heure. Il vaut mieux se laver avec l’eau de mer et se rincer avec un seul litre d’eau douce. Mais dans les mers du sud, l’eau est trop froide. Les lingettes sont alors privilégiées.

Alan Roura a répondu à leurs interrogations avec sincérité. Les besoins, c’est dans un seau, qu’on vide ensuite dans la mer. «J’ai peur tous les jours. C’est pas grave. La peur vous maintient en vie», a-t-il expliqué. On a aussi appris que les concurrents doivent envoyer des vidéos chaque semaine à l’organisation. Faute de s’exécuter, ils risquent une amende.

Reprendre pied

Le navigateur genevois domicilié en Bretagne a aussi confié: «Je ne suis jamais malade sur l’eau.» De retour à terre, faute d’anticorps, les marins attrapent tout ce qui passe. «Cela fait bizarre de rentrer à terre. Il faut aussi réapprendre à marcher et à dormir», relève-t-il. Car faute d’espace, la musculature des jambes se réduit.

Et les contacts avec la famille? «On a dit au départ que c’était tous les dimanches. Mais c’était difficile pour ma fille qui voulait que je rentre. Le dernier mois, il n’y a pas eu d’appel. Mais j’envoyais des messages et des vidéos.» Et si Alan Roura aime passer du temps avec sa compagne et leurs deux enfants, il apprécie la solitude de la course: «Cela fait du bien d’être seul en faisant le tour de la planète.»

Le navigateur a aussi rendu hommage à son équipe, sept personnes qui œuvrent dans l’ombre et qui préparent le bateau en vue de la prochaine course. Alan Roura aimerait participer à l’Ocean Race Europe avec une équipe suisse.

Et sans doute aussi prendre un peu de repos. Depuis son retour aux Sables d’Olonne, celui qui est aussi chef d’entreprise a consacré plus de temps aux relations publiques qu’à ses proches. C’est dire que les élèves ont vécu un moment privilégié.