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Un plan pour sécuriser l’accès aux grottes

24 janvier 2021

Le bâtiment d’accueil du site touristique sera mieux intégré et l’accès protégé des chutes de pierres.

Ouvertes au public depuis bientôt cinquante ans, les Grottes de Vallorbe accueillent quelque 60 000 visiteurs par an. Leur ouverture avait signifié l’entrée de la cité dans une nouvelle ère, celle du tourisme. Depuis cette époque, Juraparc, le Musée du fer et du chemin de fer, et le Fort de Pré-Giroud sont venus renforcer l’attractivité de ce fond de vallée où les activités industrielles sont restées très dynamiques.

Dans l’enthousiasme qui a suivi la révélation des magnifiques galeries concrétionnées, à la suite de leur découverte par des plongeurs entrés par la résurgence de l’Orbe dès le début des années soixante, Commune et entrepreneurs locaux, avec l’appui du Canton, ont permis, par la création de Grottes de Vallorbe SA, de rendre accessibles au public les beautés du monde souterrain. Sans beaucoup, il faut le dire, s’embarrasser de procédures.

Le moment est venu de revoir la situation. C’est ce qui a été fait au cours des études réalisées ces dernières années et qui ont abouti à la mise à l’enquête publique du Plan d’affectation des Grottes, qui, en vertu des nouvelles dispositions légales, vaut permis de construire.

La procédure en cours ne concerne pas la partie souterraine elle-même, exception faite des alvéoles du Trésor des Fées, créées il y a une trentaine d’années, dont il s’agit de formaliser, juridiquement, le statut.

«C’est l’occasion d’une grande remise en ordre. C’est un projet qui a été extrêmement bien préparé. Il est passé par tous les services de l’état», résume Stéphane Costantini, syndic de Vallorbe. En effet, à la lecture de l’impressionnant dossier piloté par le Dr Pierre Honsberger, un spécialiste des études environnementales – il a fait un travail similaire pour Juraparc – on réalise à quel point l’évolution législative nécessite le recours à de nombreux experts.

Président du conseil d’administration de Grottes de Vallorbe SA, Serge Audemars n’est pas mécontent de voir cette procédure entrer dans la phase de mise à l’enquête: «Cela fait cinq ou six ans que nous travaillons sur ce dossier. Il est temps de sécuriser l’accès, parce que la dalle en béton qui protège l’entrée de la grotte n’offre pas une protection complète lors de chutes de pierres.»

Un constat d’ailleurs confirmé par les études des géologues mandatés: «Ces données récentes montrent que l’ensemble du site est sujet à des chutes de pierres relativement fréquentes, ce qui confirme la carte de danger établie en 2001.» Et sur cette carte, la zone est rouge (fort danger).

La deuxième motivation concerne l’accueil des visiteurs, explique Serge Audemars: «Le chalet est trop petit. Les installations sanitaires insuffisantes. Cette infrastructure ne permet pas de satisfaire aux exigences d’accueil. En 2020, nous avons à nouveau eu plus de 60 000 visiteurs. Certains jours, les gens faisaient la file sur le chemin de la Résurgence…»

Le projet vise à régler durablement la situation juridico-légale. D’ailleurs, la Commune de Vallorbe s’est engagée à accorder un droit de superficie de soixante ans. Il porte sur une surface d’à peine plus de 1000 m2, sur un patrimoine forestier de près de 1,9 million de m2. Les eaux usées, actuellement dirigées vers une fosse septique, seront traitées dans une mini-station d’épuration.

Pour la société des Grottes, la réalisation de ce projet nécessitera l’engagement de 4,1 millions de francs. «Nous y mettrons 1,5 million de fonds propres. Nous escomptons une aide cantonale via à la loi sur l’aide au développement économique et il nous faudra bien évidemment emprunter», explique le président.

Dans le contexte actuel de taux bas, Serge Audemars n’est pas trop inquiet, puisque l’exploitation dégage bon an mal an plus de 200 000 francs d’excédent. Et si le but n’est pas de faire exploser la fréquentation, un espace d’accueil adapté permettra sans doute de doper les affaires de la boutique de souvenirs.

La sécurisation de l’accueil du public passe par la démolition de l’actuel chalet d’accueil et son remplacement par un bâtiment d’une surface sensiblement plus importante, mais qui sera bien mieux intégré dans cet environnement exceptionnel de la reculée de La Dernier, puisqu’il sera largement encastré dans le rocher et suivra les lignes de stratification. Un point évalué d’ailleurs très positivement par la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage.

 

Le meilleur projet pour un site sensible

 

La reculée de La Dernier, où s’ouvrent les Grottes, est un site d’importance nationale. Au terme d’une visite réalisée en 2019, la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP) a produit un rapport très détaillé qui relève, entre autre, que «le remplacement du bâtiment et l’intégration des installations construites contre les dangers naturels avec les améliorations sécuritaires liées offrent donc une chance d’amélioration de la situation paysagère».

Et de poursuivre: «Il vise ainsi à reprendre avec son architecture de stratification, sa matérialisation en béton et en verre, sa couleur et sa structuration, les formes et dimensions naturelles du cirque rocheux qui forme le décor de la gorge de l’Orbe.»

Et plus loin: «La CFNP est de l’avis que la conception visuelle du projet tel que proposé permettra d’améliorer de manière significative l’apparence esthétique de l’ensemble des infrastructures prévues, en intégrant le bâtiment d’accueil, les passages vers l’entrée de la gorge, ainsi que les mesures pour la protection contre les chutes de pierres et de blocs.»
Avant de conclure: «La commission est de l’avis que le renouvellement des infrastructures d’accueil aux grottes de Vallorbe ne portera qu’une atteinte supplémentaire légère à l’IFP (Inventaire fédéral des paysages). Le projet doit tout de même remplir l’exigence de l’article 6 LPN (loi sur la protection de la nature et du paysage) de ménager le plus possible l’objet IFP.» La CFNP donnera son avis définitif dans le cadre de la procédure d’enquête en cours.