L’histoire du quartier des Cygnes nous est contée à travers l’ouvrage Les Cygnes, richement documenté et illustré, que l’on doit à Claude Alfred Bruand et Jean-Louis Vial.
«Le quartier des Cygnes est né à la fois de l’eau et du feu», résume avec enthousiasme Claude Alfred Bruand. Le feu, c’est l’arrivée sur la rive droite de la Thièle, au milieu du XIXe siècle, de la gare et des Ateliers CFF, ces derniers nécessitant une main-d’œuvre spécialisée qu’il fallait héberger (Yverdon ne comptant que 4000 âmes à cette époque). C’est là que l’eau intervient: pourquoi ne pas créer des logements sur les terrains nouvellement conquis sur le lac à la suite de la première correction des eaux du Jura (qui intervint entre 1868 et 1878)? La Commune achète alors à l’État de Vaud ces 73 hectares de terrains, qui s’urbaniseront petit à petit, malgré les nombreux épisodes d’inondations jusqu’à ce que la seconde correction des eaux du Jura (achevée en 1972) stabilise la situation. «C’est un développement assez continu, au gré du recul du lac», précise celui qui s’est chargé de la rédaction de l’ouvrage, Jean-Louis Vial.
Clairement délimité par la voie de chemin de fer, les cours d’eau de la Thièle et du Bey ainsi que le lac, le premier quartier ouvrier et populaire de la ville a affirmé son identité principalement par opposition au reste de la ville, composé d’une population plutôt aisée et d’influence libérale. Ce qui a valu au quartier des Cygnes les surnoms de «Kremlin», ou encore de «quartier rouge», nous apprend l’ouvrage.
«Un gars de la ville qui draguait une fille des Cygnes était très mal vu, explique Jean-Louis Vial. Et vice-versa.» Car le quartier des Cygnes semble presque être un microcosme qui se suffit à lui-même, avec ses commerces, sa zone artisanale, ses associations et ses fêtes. «C’est vraiment un quartier à part, ajoute le rédacteur, avec ses brandons, sa propre société de développement (ndlr : fondée il y a près d’un siècle), très active.»
Si l’ouvrage présente de manière thématique les nombreux éléments ayant contribué au développement du quartier, incluant également des projets qui ne se sont pas concrétisés – comme le port des Cygnes –, ce qui importait aux yeux des auteurs était de donner l’impression que le quartier se raconte. Raison pour laquelle Claude Alfred Bruand et Jean-Louis Vial ont privilégié les citations du journal de la ville (qu’on retrouve dans les nombreux encadrés en marge du texte), qui a été leur source principale pour construire leur récit. «C’est vraiment là qu’on prend le pouls de la région, confie Jean-Louis Vial. On ne voulait en tout cas pas faire une encyclopédie sur les Cygnes.»
Cette approche a séduit Jean-François Cand, des Éditions de la Thièle, chez qui est parue cette autobiographie qui comporte, en prime, un DVD sur lequel se trouvent cinq petits films de l’époque complétant le regard porté sur ce quartier chargé d’histoires.
Paru en juin 2021 aux Editions de la Thièle à Yverdon. Disponible aux librairies L’Étage et chez Payot à Yverdon.