Herren Frères & Cie a fait l’acquisition d’une machine mise au point dans ses ateliers. L’investissement consenti se traduit par un avantage concurrentiel.
«Vous pouvez commander ce travail en Chine et l’obtenir à un meilleur prix. Mais vous devrez attendre deux mois et payer le transport…» Alexandre Herren, directeur du département tôlerie de l’entreprise familiale Herren Frères & Cie, résume en deux phrases la motivation qui a conduit à l’acquisition d’une machine de découpe laser aux capacités exceptionnelles, tant par les possibilités qu’elle offre que par sa puissance (20 kW).
Cette ByStar Fiber, de la firme bernoise Bystronic, a fait son entrée dans les locaux de la rue des Uttins l’an dernier déjà. Mais le secret a été bien gardé. Pour la simple et bonne raison que le fabriquant a fait appel à ce partenaire historique pour la mettre au point. «Nous avons fonctionné comme client pilote», explique Alexandre Herren.
Ce nouvel outil ayant fait ses preuves, la firme Bystronic a levé l’embargo. Elle a en effet lancé la commercialisation de la technologie en octobre dernier, lors de la Foire aux machines de Hanovre (All). «Nous en avons déjà vendu plusieurs dizaines, notamment en Asie», confie Stefan Züger, responsable des relations publiques de Bystronic Laser AG, présent vendredi dernier à Yverdon-les-Bains.
«A chaque crise, nous avons investi. Les Herren ont eu un coup d’avance en achetant les plieuses et les cisailles», explique le représentant de la deuxième génération. Les machines de découpe font partie de l’ADN de la maison: la première laser a été acquise en 1992! Et avant les laser, il y a eu les machines de poinçonnage numériques dès 1985. Au fur et à mesure de l’écoulement du temps, les programmes ont bien évidemment évolué au gré des progrès réalisés par l’informatique.
Ainsi, lors de la crise financière de 2009, la technologie laser-poinçonnage a fait son entrée dans les ateliers. La crise du Covid a incité la direction à faire un nouveau pas. «Avec le laser, nous découpons une multitude de matériaux, allant des matières plastiques aux métaux en passant par le bois. Nos clients sont habitués à tout découper chez nous», ajoute Alexandre Herren, en désignant une palette d’objets présentés sur une table.
La nouvelle machine remplace la laser acquise en 1992. «Nous sommes passés de 2 à 20 kW. Du coup, nous pouvons couper des métaux jusqu’à 50 mm d’épaisseur», explique le patron qui, peu après la crise du Covid, s’est déplacé à une foire spécialisée à Stuttgart (Allemagne). «Je cherchais quelque chose de différent, qui nous donne un avantage concurrentiel», explique-t-il.
Un collaborateur de Bystronic lui a parlé d’une nouvelle machine de grande puissance, qui se trouvait encore en phase de développement. De quoi titiller l’entrepreneur. Bystronic a décidé de placer son premier prototype à Yverdon-les-Bains en février 2022, de manière à parachever la mise au point dans des conditions opérationnelles. «Jusqu’à l’automne 2021, je n’étais pas convaincu par la qualité de coupe des laser-fibre. Il y avait beaucoup de bavures. Avec la nouvelle machine, la coupe est franche. Il n’est plus nécessaire d’ébavurer. Il faut dire que cette machine est non seulement plus précise, mais elle est huit fois plus rapide que celle qu’elle a remplacée. Avec les métaux, c’est clairement la machine la plus rapide de Suisse», ajoute, pas peu fier, l’entrepreneur.
Une autre innovation, qui séduira les experts, réside dans le mix gaz (azote et oxygène), qui augmente la vitesse de production dans l’acier. Et puis, élément important, par les temps qui courent, cette machine consomme entre 50 et 70% d’énergie en moins que les laser CO2.
«Avec cet outil, on peut fournir des prestations extraordinaires à des prix inférieurs. Du coup, on subit moins les impacts d’une crise», relève le directeur du Département tôlerie industrielle. Le partenariat de longue date avec Bystronic Laser AG a aussi influencé ce choix. Car la société bernoise assure une suite logicielle cohérente qui permet une exploitation optimale des laser jet d’eau, fibre et des plieuses, avec une assistance efficiente lorsque la situation l’exige.
Herren Frères, une croissance régulière consolidée par la diversification
Les bases de l’entreprise Herren Frères & Cie ont été posées par Robert Herren en 1955, lorsqu’il a démarré ses activités de ferblanterie et installation sanitaire dans sa cave. Lorsque son frère Marcel le rejoint, en 1960, l’entreprise devient Herren Frères. Cette année marque aussi le début des activités de tôlerie industrielle et de serrurerie.
L’entreprise grandit régulièrement et investit tant dans les outils industriels que dans la construction de halles artisanales, au Bey et aux Uttins.
La deuxième génération, soit José, fils de Marcel (1982), Daniel, fils de Robert (1984), puis Alexandre, fils de Robert également (1985), fait son entrée dans l’entreprise. Ils créent, en 1991, Herren Frères & Cie. La première machine laser est acquise l’année suivante. En parallèle à ses activités propres, la société construit des halles En Chamard (1995) et à Y-Parc (2000). La gamme des activités est élargie. Fils de Daniel, Ludovic Herren, représentant de la troisième génération, rejoint l’entreprise en 2010. Quant à Guillaume, fils d’Alexandre, il y entre il y a huit ans.
Les multiples activités de la société, qui occupe 85 collaborateurs, sont réparties en trois départements, dirigés par les associés: sanitaire, chauffage, photovoltaïque (Daniel Herren), tôlerie industrielle, découpe laser et jet d’eau (Alexandre Herren), et ferblanterie-couverture (José Herren).
