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Yoric Ravet, un Grenoblois dans le Nord vaudois

6 novembre 2013

Football – Super League – Le demi du FC Lausanne-sport s’est établi à orbe pour y trouver la quiétude. De Zidane à ses aspirations sportives et sociales, rencontre avec un jeune homme altruiste.

Yoric Ravet se plaît dans la région (ici, sur le canon de l’esplanade du château à Orbe) qu’il souhaite découvrir avec ses parents.

Formé en dix, derrière les attaquants, Yoric Ravet est un homme altruiste dans la vie, comme sur le terrain. Poussé sur le couloir par son entraîneur Mécha Baždarević lorsqu’il a fait ses premiers pas chez les pros à Grenoble, parce qu’il avait la fougue de la jeunesse, le footballeur de 24 ans met désormais en valeur ses coéquipiers par ses centres.

Débarqué de Saint-Etienne au FC Lausanne- Sport à la toute fin août, pour renforcer une équipe qui a manqué son début de championnat, le Grenoblois s’est imposé comme un titulaire à la Pontaise. «J’aimerais marquer, dit-il, alors qu’il n’a pas encore débloqué son compteur. Mais je suis quelqu’un qui aime régaler les attaquants.C’est plus mon style de jeu et les statistiques le reflètent.» En effet, le demi d’un mètre 78 a déjà offert trois passes décisives depuis son aile, où il a désormais ses repères.

Supporter de l’Olympique de Marseille et de la Juventus, Yoric Ravet a grandi dans une ville de foot, de hockey et de rugby, au sein d’une famille de footballeurs de père en fils. Et pas seulement : sa grande sœur, Emilie, est devenue championne de France avec l’Olympique Lyonnais il y a une quinzaine d’années. «Enfant, je n’avais qu’un seul objectif, devenir pro. Je n’avais que ça en tête, faire du foot, et ça a marché», s’émeut celui dont l’enfance, comme pour toute sa génération, a été bercée par les exploits de Zinedine Zidane, le maître.

«Je me suis identifié à lui, il m’a beaucoup inspiré», glisse le demi de couloir du LS, qui a commencé sa carrière au même poste que Zizou. L’été passé, il a même pu jouer avec lui, lors d’un match de charité disputé à Grenoble. «C’est quelqu’un de généreux, qui ne néglige pas les autres. C’est un grand homme», souligne-t-il, après avoir pu échanger quelques mots avec son idole.

A son arrivée en Suisse, Yoric Ravet a cherché un appartement à l’extérieur de Lausanne, loin de la grande ville. Il a lui même déniché son bonheur à Orbe, dans le bas de la ville, où il apprécie la tranquillité, la verdure. «Ça me permet de m’ouvrir, de voir d’autres horizons et cela me dépayse. En fait, ça me régénère.» Ses parents viennent régulièrement voir les matches et lui rendre visite. «Je n’ai pas encore eu le temps de découvrir les alentours, mais c’est quelque chose que je vais faire assez rapidement, peut-être avec mes parents, qui aiment bien cela.» S’il vit seul, son amie étant restée en France, il passe forcément du temps avec ses coéquipiers à Lausanne. Ils vont souvent manger ensemble. A Yverdon, il a retrouvé une connaissance grenobloise, Lyazid «Pitchou» Brahimi, le joueur d’Azzurri Lausanne, établi ici depuis plusieurs années.

Yoric Ravet se décrit lui-même comme quelqu’un de sociable. Il a grandi dans un quartier populaire, où les gens s’entraident les uns les autres. «J’en suis sorti grâce au foot. Plus tard, c’est quelque chose que j’aimerais bien faire. Je voudrais œuvrer à aider les gens qui ont du mal à s’intégrer dans la société », affirme-t-il, sans vraiment encore connaître la forme que ses intentions prendront.

Il a retrouvé chez Alexandre Comisetti, qui assure l’intérim à la tête du LS, ce contact qu’il apprécie tant. «Il est quelqu’un de proche des joueurs, très ouvert au dialogue », apprécie le footballeur, qui connaissait le nom de son entraîneur grâce à ses passages à Auxerre et au Mans.

C’est le prédécesseur de Comisetti au LS, Laurent Roussey, qui est venu le débaucher, alors qu’il lui restait encore un an de contrat à Saint-Etienne. «Je venais de réaliser une bonne saison en Ligue 2 avec Angers, on avait terminé cinquième, et je ne pensais pas avoir le temps de jeu dont j’ai besoin avec les Verts.

Les propositions que j’ai reçues en France ne me correspondaient pas. Alors, quand Lausanne m’a contacté, j’ai dit oui tout de suite.Il m’offrait la possibilité de jouer.» Le départ à Sion de son compatriote Laurent Roussey ne l’a pas inquiété outre mesure. «Si je suis bon sur le terrain, peu importe l’entraîneur, j’aurai ma chance, assure- t-il. C’est à moi de donner le maximum.» Mais il sait qu’il peut encore s’améliorer sur ce qu’il a montré en ce début de championnat. «Comme je n’ai pas eu de préparation, je prends le rythme au fil des matches. Je gagne en tonicité et cela va de mieux en mieux.»

Malgré les débuts délicats de son équipe, Yoric Ravet ne regrette pas sa décision d’avoir signé pour deux saisons dans la capitale olympique. Il se sent bien en Suisse, un pays qu’il découvre, même si ce n’était pas le plan de carrière qu’il avait imaginé. «Entre le bas de tableau en Ligue 2 et la Super League, le choix était clair.» Bien adapté, il l’affirme sans ambages, même s’il a toujours envie de viser plus haut, cela ne le dérangerait pas de rester. «Mais à présent, la priorité, c’est de sauver le club.»

 

La situation du LS : «Une mission très difficile, mais pas impossible»

Avec onze points de retard sur l’avant-dernière place après quatorze journées, le Lausanne-Sport est dans une situation presque inextricable. Mais Yoric Ravet veut encore y croire. «Ce sera une mission très difficile, mais pas impossible de se maintenir, martèle-t-il. Dans un championnat à dix équipes, tout va très vite. Si on arrive à réaliser une série positive, on peut faire en sorte que les autres se posent des questions.»

Les solutions sont tout aussi difficiles à trouver. «Quand tu es dans une spirale aussi négative, il n’y a pas grand-chose qui tourne en ta faveur. On a des blessés, des suspendus… Pas une fois ni Laurent Roussey, ni Alexandre Comisetti n’ont pu aligner une équipe type», reconnaît le Français. Mais il est clair, à ses yeux, que le LS doit avant tout gommer ses grosses erreurs individuelles, ne plus prendre «ces buts bêtes».

En Suisse, il a découvert un football bien moins tactique que dans l’Hexagone, mais plus généreux, plus offensif, ce qu’il apprécie. «Le championnat est très équilibré, c’est ce qui fait sa particularité et son charme», poursuit-il, conquis. Bien sûr, il connaissait les grands clubs du pays, ou ceux qu’il avait affronté en amical. De quoi lui donner une idée sur le niveau de jeu. «Mais c’est un championnat peu médiatisé en France et ailleurs dans le monde.»

Après Sainte-Etienne, où il n’a jamais vraiment eu sa chance, selon ses propres mots, c’est ici que Yoric Ravet a choisi de rebondir. Pour le pire et le meilleur.

 

Carte de visite

Nom : Yoric Ravet

Age : 24 ans

Taille : 1,78 m

Nationalité : Française

Domicile : Orbe

Profession : Footballeur au FC Lausanne-Sport (no 12)

Poste : demi de couloir, droitier

Parcours pro : 2008-2011, Grenoble Foot 38 (51 matches/5 buts); 2011-2013, AS Saint-Etienne (4/0); 2012-2013 Angers SCO (31/3), en prêt ; 2013 FC Lausanne-Sport (7/0).